OÙ EN EST LA SÉCHERESSE DANS L’OUEST AMÉRICAIN ?

Touchée par une importante sécheresse depuis maintenant six ans, la Californie n’en a pas encore fini avec les restrictions d’eau. Et c’est tout le sud-ouest des Etats-Unis qui pourrait être confronté d’ici la fin du siècle à une méga-sécheresse, d’après une étude publiée en octobre 2016 dans la revue Science Advances.

Sécheresse visible au sol dans l'Ouest américain

Des paysages durement affectés

La sécheresse n’en finit pas de poser des problèmes en Californie : baisse importante des niveaux d’eau des lacs, rivières et réservoirs alimentant les villes, pompage intensif pour l’agriculture, affaissement des sols, hausse des prix due à un rendement moins important… Un véritable cauchemar pour la Californie, dont la vallée centrale est le principal garde-manger des Etats-Unis. Par ailleurs, ces conditions climatiques très difficiles augmentent considérablement le nombre d’incendies et donc les risques encourus par la population (on ne compte plus les évacuations estivales). Si la Californie est la plus touchée, l’Arizona, l’Utah, le Nevada, le Nouveau-Mexique et le Wyoming ne sont pas en reste puisqu’ils en sont, eux, à leur seizième année de sécheresse (bien que celle-ci soit moins sévère que celle de Californie).

Preuve de la sécheresse sur une vue satelitte du Lac PowellVue satelitte du Lac Powell, avant/après (photo © NASA)

Les conséquences sur le paysage sont inquiétantes. Le niveau du Lac Powell et du Lac Mead n’a jamais été aussi bas, le lac de Crater Lake (sud de l’Oregon) n’est plus suffisamment alimenté par la pluie et la fonte des neiges car cette dernière est plus rare, le Colorado ne parvient plus à son embouchure située dans le Golfe de Californie, au Mexique… Dans le nord de la Californie, on a parfois du mal à reconnaître les lieux :

Exemple avant/après de sécheresse près d'Oroville dans le nord de la CalifornieDifférence avant/après près d’Oroville, dans le nord de la Californie. En trois ans, le paysage s’est métamorphosé… (photos © California Department of Water Resources)

Pire encore, la revue Science Advances a publié récemment une étude selon laquelle le pays pourrait être victime d’une méga-sécheresse d’ici la fin du siècle. On appelle méga-sécheresse une période d’extrême aridité s’étalant sur une durée d’au moins trente ans. On ne sait pas cependant si la sécheresse actuelle fait déjà partie de cette méga-sécheresse ou si celle-ci verra le jour dans seulement quelques décennies. Ce phénomène s’est déjà produit aux Etats-Unis, au 13ème siècle, forçant le peuple Anasazi à quitter ses terres. La méga-sécheresse avait alors, d’après les scientifiques, durée entre 25 et 35 ans. Celle prévue pour notre 21ème siècle devrait être plus longue et plus forte en raison du réchauffement climatique accéléré par les émissions de CO2.

Les USA vont devoir agir dès maintenant afin d’anticiper la menace. L’idée serait de diminuer drastiquement les émissions de dioxyde de carbone, bien plus que celles préconisées par la COP21. Cela permettrait alors de diviser par deux les risques de méga-sécheresse.

Marque de la baignoire au Lac PowellLa marque blanche sur la roche, dite “marque de la baignoire”, montre la baisse du niveau de l’eau au Lac Powell

Un motif d’espoir ?

A l’heure actuelle, la sécheresse sévit toujours en Californie, même s’il a plu l’hiver dernier plus que les années précédentes. Mais la période estivale a été particulièrement chaude et les incendies très nombreux et toujours plus imposants.

Une bonne nouvelle vient toutefois égayer quelque peu ce sombre tableau. Les comptes rendus de l’Académie des Sciences (PNAS) annoncent en effet que les sous-sols de Californie possèdent trois fois plus d’eau que les estimations le prévoyaient. Les réserves d’eau sont donc encore conséquentes. Mais y accéder s’avère complexe et très couteux, cette eau se trouvant à une profondeur de 300 à 1000 mètres. Creuser pourrait être périlleux en raison de la proximité dans ces zones de nombreuses activités pétrolières et gazières qui risqueraient de contaminer l’eau. Bref, cette découverte est bien une note d’espoir pour la Californie, mais sa gestion s’annonce très compliquée…

Sources : ScienceAdvances, theguardian.com, lemonde.fr