DÉSERTS ET GRANDS ESPACES DU SOUTHWEST (épisode 1) – jour 1 à 5

Présentation du voyage

Au printemps 2015, je suis parti seul dans le sud-ouest américain pour un road trip de trois semaines dont le but était de redécouvrir des lieux que je connaissais déjà et d’en voir de nouveaux. États visités lors de ce périple : sud Californie, sud Utah et nord Arizona, avec de rapides passages dans le Nevada et au Nouveau-Mexique. L’objectif : prendre des photos, des notes et un maximum d’infos pour aider à la construction de ce site internet. La préparation a commencé dès le mois de septembre 2014 afin d’obtenir des billets d’avion au meilleur prix et de réserver certains hébergements qui auraient sans doute été rapidement complets. Certaines nuits n’étaient cependant pas retenues, ce qui me permettait un minimum d’improvisation dans mon parcours. Parmi les destinations que j’attendais le plus : Capitol Reef, que je voulais approfondir ; la Vallée de la Mort et particulièrement The Racetrack dont je parle un peu plus bas ; les alentours de Kanab avec notamment Coyote Buttes ; Havasupai, dont j’avais dû annuler ma visite deux ans auparavant pour cause d’inondations. Et bien sûr, les indispensables Monument Valley et Grand Canyon, dont je ne me lasse jamais. Malgré quelques imprévus et déconvenues qui font inévitablement partis d’un voyage, vous allez voir que je n’ai vraiment pas été déçu !

itineraire-usa-2015-southwest-en-solo

Lundi 23 mars, direction le désert

Le réveil est difficile pour ce premier jour de voyage mais je me sens relativement reposé malgré mon extrême fatigue de la veille. En effet, bien que mon vol le dimanche 22 mars au départ de Roissy Charles de Gaulle (en passant par la Suisse) se soit bien déroulé, les trois dernières heures ont été très pénibles. Suées, maux de gorge et de tête, mon arrivée à Los Angeles était assez chaotique. Se diriger à l’aéroport, passer la douane, prendre une navette jusqu’au loueur de voiture puis faire la queue et, enfin, conduire de nuit dans L.A. pour rejoindre ma chambre de Motel, tout cela était fastidieux. Fièvre de 39,5°… Le voyage ne commence pas sous les meilleurs auspices ! Ce probable virus grippal me laissera finalement des traces durant une bonne partie du séjour, notamment la première semaine. Pas de quoi se plaindre pour autant, je suis aux Etats-Unis et j’ai beaucoup de choses à faire pendant les jours prochains, fatigue ou pas.

Donc, en ce lundi 23 mars, je me réveille très tôt (décalage horaire oblige), ce qui me permet de quitter mon Motel 6 vers 6h du matin. Cool, ce sera sans doute plus tranquille sur la route. En fait, non, pas du tout ! Je suis étonné de voir autant de monde, voire même des embouteillages, à une heure si matinale sur les freeway de Los Angeles. On dit de New York qu’elle est « la ville qui ne dort jamais », mais cette expression peut aussi s’appliquer à Los Angeles. Quelque soit l’heure de la journée ou de la nuit, l’activité routière est toujours intense.

Une bonne heure de route avant de quitter la banlieue de Los Angeles et me voilà en direction de la Vallée de la Mort, que j’espère rallier avant midi. D’abord, petit arrêt à Mojave pour un petit-déjeuner et un bon café puis pour faire les courses de début de voyage. Ensuite, la route est calme, peu fréquentée, au milieu d’un paysage représentatif du désert californien : grandes étendues semi-arides entourées de collines et montagnes sèches, sous un ciel bleu et déjà chaleureux. Pour arriver dans Death Valley, je décide de passer à l’est de China Lake, un ancien lac désormais asséché qui sert aujourd’hui de base pour la Navy. Le paysage se fait ici de plus en plus aride, avec de nombreuses zones réservées à l’extraction de sel. J’en profite pour immortaliser ma voiture, une Chevrolet Equinoxe 4×4.

Mon 4x4 Chevrolet Equinoxe pas loin de l'entrée ouest de la Vallée de la Mort, Californie

Comme prévu, j’arrive vers midi à l’entrée ouest de la Vallée de la Mort. Direction Charcoal Kilns, un endroit que je n’ai jamais vu malgré plusieurs visites de Death Valley. Il s’agit d’un ensemble de dix fours à charbons de bois datant de 1877, utilisés jusqu’au tout début du 20ème siècle par une compagnie minière qui se servait du charbon ainsi créé pour alimenter des sites de fonte et d’extraction de minerai.

Charcoal Kilns (fours à charbon) dans l'ouest de la vallée de la mort
Après un arrêt d’une quinzaine de minutes et quelques photos, je reprends la voiture en poursuivant la route qui se transforme rapidement en une piste en assez mauvais état. De quoi tester les capacités de la voiture sur ce genre de revêtement ! Au bout du chemin se trouve le camping Mahogany Flat, point de départ d’une randonnée permettant de grimper au sommet de Telescope Peak, le point culminant du parc. Ce sera pour une autre fois car je ne l’ai pas mis au programme. La vue est tout de même pas mal d’où je suis, bien que trop cachée par les arbres devant moi. Je fais donc demi-tour en voiture pour redescendre et me diriger vers Aguereberry Point, l’un des points de vue les plus spectaculaires sur la vallée (avec Dante’s View, situé de l’autre côté). Me voilà seul, au calme, devant ce paysage immense et superbe, reposant.

Vue sur la vallée de la mort à partir d'Aguereberry Point
Pas pour longtemps. Un couple et son gros 4×4 bruyant viennent troubler ma quiétude. Pas grave, il était temps que je redescende, d’autant qu’à cette altitude (2000 mètres) fin mars, il fait encore frais ici. Mais le mercure remonte rapidement sur la route du retour, au fur et à mesure que je descends et me rapproche du niveau de la mer. Environ 32°C en pleine journée dans la Vallée de la Mort, ça change des 51°C que j’avais eu en août 2013 !

Vers 18h, je prends possession de ma chambre au Stovepipe Wells et je décharge rapidement les affaires de la voiture avant de me rendre aux dunes de Mesquite Flat, à seulement deux miles de là. Un vrai petit Sahara entouré de montagnes qui s’embrasent quand le soleil commence à décliner.

Mesquite Flat Sand Dunes, dans le centre de Death Valley

Un randonneur sur les dunes de Mesquite Flat au coucher du soleil, Vallée de la Mort
L’endroit est très accessible puisque situé au bord de la route (il y a même un parking), je ne suis donc pas seul. Certains touristes présents tentent de rallier la plus haute dune visible, mais vu l’heure, je doute qu’ils y parviennent avant la tombée de la nuit. Je fais moi aussi quelques pas dans le sable pour trouver d’autres angles de vue, mais la pénombre rend la tâche difficile pour les photos et je n’ai pas pris le trépied avec moi. 19h, il est temps de rentrer au motel faire un peu de nettoyage de l’appareil puis d’aller dîner au restaurant attenant. On y mange plutôt bien (bonne viande et bonnes frites !) et j’aime beaucoup l’intérieur très western. Les murs en bois y sont ornés d’affiches de films dont les tournages se sont déroulés dans la Vallée de la Mort (Star Wars, Spartacus, Zabriskie Point et de très nombreux westerns).

Il n’est pas très tard mais je sens pourtant que le sommeil ne va pas tarder à arriver. Allez hop, vite au lit, d’autant que demain, je dois me réveiller tôt pour rallier The Racetrack, un lieu célèbre pour ses « pierres qui avancent toutes seules »…

Mardi 24 mars, course de pierres et cratère géant

Il fait encore nuit quand je me réveille vers 5h du matin. Le but est de partir le plus vite possible pour arriver à The Racetrack en début de matinée. Je pars donc au lever du soleil sous un ciel légèrement rosi et un brouillard rafraichissant. J’ai deux bonnes heures de route avant d’arriver à bon port. D’abord sur une route bitumée où je ne croise pas une seule autre voiture. Atmosphère calme et un brin surréaliste, l’impression d’être seul au monde. Ensuite sur une piste de 40 km qui nécessite d’avoir un 4×4 ou au moins une voiture à haute garde au sol. Le chemin n’est pas mauvais mais assez rocailleux par endroits, et les pierres acérées qui font office de revêtement peuvent facilement endommager les pneumatiques. Je roule donc parfois à moins de 20 miles à l’heure, ce qui me laisse plus de temps pour apprécier le paysage (montagnes découpées, plaines et même des arbres de Josué). A moins de 9h, The Racetrack est enfin en vue !

Je gare bien vite la voiture et fais mes premiers pas sur cette grande étendue de terre desséchée où trône au nord de celle-ci un monolithe rocheux d’une vingtaine de mètres de haut, The Grandstand. Celui-ci, de couleur sombre, tranche radicalement avec la couleur jaune du sol désertique (appelé Racetrack Playa). C’est d’abord vers lui que je me dirige, alors que l’air se réchauffe et que le vent se met à souffler. Le ciel reste heureusement parfaitement dégagé.

The Grandstand, monolithe rocheux au milieu de la playa de The Racetrack, Vallée de la Mort
Pour le moment, aucune des fameuses pierres à l’horizon… Ce seraient-elles fait la malle durant la nuit ? En fait, j’ai oublié qu’elles se trouvent dans la partie sud de The Racetrack, alors que je suis au nord. Retour à la voiture, cinq minutes de conduite durant lesquelles je croise l’une des seules voitures que je verrai de la matinée et me voilà au bon endroit. Au bout de trente secondes de marche sur la playa, une première pierre, suivie d’une deuxième plus imposante et qui a laissé derrière elle une jolie trace dans le sol. Le paysage est étonnant, comme si ces pierres se livraient à une course pour rejoindre le rivage de ce qui était autrefois un lac. On se croirait vraiment sur une autre planète.

L'une des pierres qui bougent de The Racetrack dans Death Valley National Park
Plusieurs pierres et le tracé de leur avancée dans The Racetrack, Death Valley
Ce n’est qu’en 2014 que l’explication au phénomène de leur avancement sur le sol a été trouvée. Pour résumer, une couche de glace se crée l’hiver autour des pierres, ce qui réduit les forces de frottement avec le sol et leur permet de se déplacer sous l’action d’un vent léger. C’est aussi en 2014 que ces déplacements ont été observés pour la toute première fois.

Une pierre et la marque qu'elle a laissée lors de son avancée dans The Racetrack, Death Valley
Je reste plus d’une heure à marcher entre ces gros cailloux vivants et à les photographier. J’ai bien fait d’arriver tôt car quand je repars, deux autres voitures prennent ma place. Finalement, j’aurai eu The Racetrack pour moi tout seul pendant près de trois heures. Je reprends la piste par laquelle je suis arrivé et je m’arrête vers midi à Ubehebe Crater, profond de plus de 200 mètres. Le lieu est beaucoup moins intime que The Racetrack. Une bonne quinzaine de voitures sont garées sur le parking flambant neuf, ainsi que deux cars de touristes ! Ça tranche avec le reste de la matinée.

Ubehebe Crater dans la vallée de la mort
A l’exception de quelques personnes, tout le monde reste en haut, au bord du cratère, mais je me dis que le vue devrait être également impressionnante d’en bas. Me voilà donc parti pour une petite marche, très facile à l’aller. Et effectivement, une fois au fond, je me rends encore mieux compte de la taille du cratère (il fait environ 800 mètres de large). La remontée s’avère plus périlleuse. Je prends un « raccourci » pour gagner du temps, mais le chemin de sable est très pentu et fatigant, surtout avec mon sac à dos d’une tonne dont j’aurais pu largement me passer. J’arrive en haut sur les rotules… 13h30, déjeuner express mais bien mérité au bord du cratère puis je reprends la route.

A l’origine, j’avais prévu d’aller à Eureka Dunes, les plus hautes dunes de Californie. Mais elles se trouvent encore plus au nord de Death Valley et l’accès se fait par une piste de 80 km. Je n’ai pas le temps. A la place, je repars vers le sud en faisant un détour par Scotty’s Castle (grande demeure de style hispanique, plutôt kitsch et dispensable), puis par Titus Canyon, un canyon dont le fond se parcourt en voiture, en sens unique (et je suis évidemment dans le mauvais sens). Je fais quelques centaines de mètres à pied puis je rebrousse chemin en me disant qu’il y a beaucoup de canyons bien plus spectaculaires, en Utah notamment. Les sections de Titus Canyon les plus intéressantes sont plus loin, mais là encore, je manque de temps. Et la fatigue de la journée commence à se faire sentir. Il est déjà plus de 16h, ce sera donc retour au motel, repos, nettoyage des appareils et objectifs puis tri de photos. Avant un retour au même restaurant que la veille. Je tente ensuite une sortie aux dunes de Mesquite Flat pour faire quelques photos de nuit, mais trop de nuages me décident finalement à rentrer rapidement et à me coucher plus tôt. J’espère que le ciel sera plus dégagé demain soir…

Mercredi 25 mars, roche dorée et ciel étoilé

Après deux nuits passées au Stovepipe Wells, je quitte le motel vers 8h (j’ai pris mon temps ce matin) en direction de Furnace Creek Ranch, dont je voulais absolument tester le confort des chambres malgré le prix assez élevé. Ce sera donc une seule nuit. Il est très bien placé car très près du visitor center et de quelques points de vue superbes. Plus qu’un simple motel, il s’agit d’un petit village avec restaurant et bar, boutiques, animations (pour ceux qui le désirent) et une grande piscine. Le tout entouré de palmiers, comme une oasis au milieu du désert. Un peu trop touristique tout de même. Et à voir les infrastructures et la taille de la piscine, je me dis que tout ça ne doit pas être très écolo… Comme je m’en doutais, je suis arrivé trop tôt et les chambres ne sont pas prêtes. Pas grave, je file plus au sud jusqu’à Badwater. En route, je remarque qu’il y a encore de la neige sur le plus haut sommet du parc (Telescope Peak, 3366 m). Sans doute plus pour longtemps. Mais j’aime beaucoup le contraste que cela crée avec l’extrême aridité du paysage.

De la neige au sommet de Telescope Peak, point culminant de la Vallée de la Mort, Californie
L’intérêt de Badwater réside avant tout dans le fait qu’il s’agit du point le plus bas de l’Amérique du Nord (85,5 mètres sous le niveau de la mer). Un peu d’eau coule encore près du parking où je me gare, avant une grande étendue de sel et de terre séchée dominée par les montagnes. Je me trompe peut-être, mais j’ai l’impression qu’il y a moins de sel que les fois précédentes où je suis venu.

Badwater, le point le plus bas de l'Amérique du Nord, dans la vallée de la mort
Par contre, il y a plus de touristes qu’en été ! En fait, ce qu’on gagne en « douceur » de températures, on le perd un peu en tranquillité. Je ne reste pas trop longtemps et reprends la route en sens inverse pour m’arrêter à Natural Bridge, un pont de roche naturel accessible via un sentier facile de 2 miles aller-retour environ. Le pont en lui-même n’est pas extrêmement spectaculaire quand on a déjà vu ceux de l’Utah, mais l’endroit est agréable et apporte de l’ombre et une fraîcheur bienvenue.

Natural Bridge, pont naturel dans la Vallée de la Mort, Californie
Une petite heure en tout et je continue ensuite en voiture vers le nord en passant par Artists Drive. J’adore cet endroit, que j’ai déjà vu plusieurs fois mais dont je ne me lasse pas. La route en sens unique de 9 miles (malheureusement goudronnée) passe au plus près des roches aux multiples couleurs, allant du jaune au vert en passant par le violet. Vraiment étonnant ! Des dégagements sont prévus pour garer sa voiture et effectuer une petite marche au milieu des roches (même s’il n’y pas vraiment de sentier), ce que je fais pendant une vingtaine de minutes en faisant bien attention de ne pas abîmer le paysage.

Roches multicolores sur Artists Drive, Vallée de la Mort
Il est déjà plus de 11h, mais avant de retourner prendre possession de ma chambre, je fais un dernier arrêt à Harmony Borax Works, quelques miles au nord de Furnace Creek Ranch. C’est un site extérieur où quelques dizaines d’hommes produisaient du borax, un minerai, à la fin du 19ème siècle. La production était ensuite transportée hors de Death Valley dans deux wagons de plusieurs tonnes tirés par 20 mules (appelées Twenty Mule Team). Sur place, il reste aujourd’hui quelques vestiges des installations ainsi que les dits wagons et une citerne.

Chariot et wagons à Harmony Borax Works dans la Vallée de la Mort, Californie
A bientôt 13h, je déjeune rapidement dans un coin tranquille avant de retourner au Furnace Creek Ranch pour déposer mes affaires dans la chambre. Gros coup de barre, je m’assoupis même jusqu’à 15h. Une petite sieste bienvenue car j’ai une randonnée à faire ensuite et avec la chaleur dehors (environ 34°C), mieux vaut avoir des forces. La balade prévue est Golden Canyon, non loin de Furnace Creek. C’est en quelque sorte la face arrière de Zabriskie Point, paysage emblématique de la Vallée de la Mort que je souhaite donc voir sous un autre angle que lors de mes précédentes venues ici. Le sentier fait environ 5 km jusqu’à Red Cathedral, sans ombre et en plein soleil à cette heure de la journée. Heureusement, c’est très facile et je ne suis donc pas le seul présent sur place. Je prends un embranchement 1 km avant Red Cathedral pour me diriger vers Manly Beacon, le gros monolithe de Zabriskie Point. Cette fois, il n’y a plus aucun touriste et le chemin étroit grimpe assez abruptement. La fin d’après-midi approche et je commence à comprendre pourquoi l’endroit s’appelle Golden Canyon. La roche déjà jaune à la base prend de plus en plus une teinte dorée qui tranche radicalement avec le bleu profond du ciel.

Rocher de Zabriskie Point vu de Golden Canyon Trail, Death Valley
J’arrive finalement au pied du gros rocher et décide alors de faire demi-tour, le but n’étant pas d’aller au bout de ce chemin qui est encore long. Je ne voudrais pas être pris par la nuit, car le soleil commence à décliner et je dois encore aller à Red Cathedral. Quand je me retourne, le paysage de badlands est vraiment superbe !

Badlands de la vallée de la mort dans Golden Canyon Trail
Au pas de charge, j’arrive finalement à Red Cathedral avant que les rayons du soleil ne cessent d’embraser la roche rouge-orangée. Au bout de quelques minutes, celle-ci est plongée dans l’ombre et n’a plus la même allure. La température de l’air est maintenant bien plus agréable et me permet de rentrer calmement jusqu’à la voiture.

Red Cathedral dans Golden Canyon en fin d'après-midi, Vallée de la Mort
19h30. Revenu au Furnace Creek Ranch, je m’en vais dîner au restaurant steakhouse du Resort où la nourriture est plutôt basique (burgers et viandes) et chère. L’ambiance, elle, est très sonore mais assez conviviale. A la sortie, c’est la nuit complète et le ciel est magnifiquement étoilé. Chouette, je vais pouvoir faire les photos que je n’ai pas pu faire la veille ! Pour ça, je m’en vais à Zabriskie Point, situé à cinq minutes en voiture. Le ciel est un peu clair car c’est la pleine lune, et il y a rapidement des nuages qui pointent le bout de leur nez. Le vent fort et froid m’engourdit les mains mais j’y reste tout de même plus d’une heure. Pas de voie lactée visible mais c’est pas grave, c’est magnifique quand même.

Ciel étoilé et badlands de Zabriskie Point, Vallée de la mort
Vers 22h30, il fait vraiment trop froid et je me décide à rentrer au chaud pour ma dernière nuit dans Death Valley. Demain, j’ai pas mal de route pour rejoindre Zion National Park, dans l’Utah…

Jeudi 26 mars, on the road…

Comme prévu dans mon programme, aujourd’hui est une journée de transition qui doit me permettre de rejoindre Zion en passant par Las Vegas. J’ai environ 4h30 de route, sans compter les arrêts. Je quitte ainsi la Vallée de la Mort vers 8h avec la satisfaction d’en avoir bien profité pendant trois jours.

La route entre Death Valley et Las Vegas est un peu longue. J’ai choisi délibérément de ne pas m’arrêter à Las Vegas, que je connais déjà bien, pour gagner une journée à randonner. J’arrive donc en milieu de matinée aux alentours de la ville-jeu que je contourne par le nord, puis je poursuis ma route en passant près de Valley of Fire, un petit parc que je conseille très fortement. Même s’il n’est pas non plus inclus dans mon planning. Deux heures plus tard, j’arrive à Hurricane, petite ville située à quelques miles de l’entrée de Zion National Park. Je prends une chambre pas trop chère dans un Travelodge, je m’en vais manger au McDo du coin et je suis prêt vers 14h30 pour sillonner la Kolob Terrace Road, une route qui traverse Zion en son milieu. Pas de chance, je suis vite bloqué par des travaux de réfection du bitume. On me signifie qu’il va falloir patienter environ 30 minutes avant de pouvoir passer.

Panneau de travaux sur Kolob Terrace Road, Zion National Park
J’attends donc le temps qu’il faut en profitant du paysage environnant, caractéristique de la région. On aperçoit par endroits le sommet blanc des dômes de Zion. Une fois reparti, la route continue de grimper et dessert régulièrement des départs de randonnées dont l’une célèbre, The Subway. Mais à cette période de l’année, il vaut mieux éviter de la faire car le sentier est encore gelé et glissant et peut s’avérer dangereux. Arrivé près de la fin de la Kolob Terrace Road, je m’aventure sur un chemin menant à deux départs de randonnée (Wildcat Canyon Trail et West Rim Trail). La route descendante est à la fois boueuse et encore enneigée, une neige très glissante qui rend ma voiture instable. Je préfère faire demi-tour car je ne suis pas sûr que je pourrai aller plus loin sans encombre. Décidément, ce n’est pas ma journée ! Je reprends donc la Kolob Terrace Road en sens inverse, ce qui me permet d’admirer le paysage sous un autre angle.

Paysage de Zion vu de la route Kolob Terrace Road, Utah
C’est la première fois que je viens dans l’Ouest américain en mars et je découvre des prairies d’un magnifique vert pastel (l’été, elles sont desséchées par le soleil). Je repasse à l’endroit où j’avais été arrêté par les travaux mais il est 17h30 et les ouvriers ont terminé leur journée. Je peux donc passer sans attendre. Le temps de faire ensuite quelques courses et je suis à mon motel vers 18h30. J’ai très peu marché aujourd’hui, mais c’était prévu comme ça. Je me rattraperai demain avec ma première vraie grosse randonnée du voyage…

Vendredi 27 mars, à la recherche de l’arche perdue

Réveil à 6h ce matin. Le temps de me préparer et de prendre un petit-déjeuner rapide, je suis prêt à partir vers 7h, direction le visitor center de Kolob Canyons dans le nord de Zion. Moins de 30 minutes de route et quand j’arrive, le visitor center n’est pas encore ouvert. Je suis un peu embêté car j’y passe pour signaler mon entrée dans le parc et inscrire mon nom sur le registre de la randonnée que je vais effectuer (par prudence), mais je n’ai pas envie d’attendre et perdre mon temps. Il faut dire que la rando prévue est longue (plus de 22 km) et qu’à mon retour, j’aurai encore près de 3h de route pour rejoindre Capitol Reef ! Je décide de reprendre tout de suite la voiture et d’aller directement au point de départ du sentier. Derrière le pare-brise, je mets en évidence ma carte d’entrée dans les parcs nationaux, au cas où, en précisant que je fais l’aller-retour dans la journée.

Le but de cette randonnée est d’atteindre Kolob Arch, répertoriée comme la deuxième plus longue arche naturelle du monde, via le sentier La Verkin Creek Trail. Dès le départ, ça descend sur plusieurs centaines de mètres pour atteindre le niveau du ruisseau La Verkin, que je longerai et traverserai à plusieurs reprises durant la journée. Il est encore tôt et le soleil peine à réchauffer l’atmosphère, légèrement brumeuse près du sol. La marche est agréable, sans difficulté, me permettant de profiter du paysage. Les parois ocres hautes de quelques centaines de mètres m’entourent.

Paysage de Kolob Canyons sur La Verkin Creek Trail, Zion National Park
C’est moins spectaculaire que dans la partie sud de Zion, mais c’est tout de même très beau. Et là, au moins, il n’y a pas foule ! A quatre ou cinq reprises, je croise tout de même des randonneurs ayant passé la nuit dans l’un des nombreux campements que l’on peut trouver le long du chemin ou légèrement à l’écart. Au bout d’environ 9 km, voilà enfin le panneau m’indiquant le chemin vers Kolob Arch. Rapidement, je me rends compte que le sentier n’est plus vraiment tracé, comme s’il avait disparu suite à une inondation qui aurait tout ravagé sur son passage. Des arbres sont couchés par terre, dans la gorge, mélangés à des amas de caillasses. Je tente donc tant bien que mal de me frayer un chemin mais me voilà bloqué et trop haut par rapport au fond de la gorge que je tente de suivre. Après quelques péripéties et glissades, je parviens finalement à retrouver un semblant de sentier. Mais il faut continuer de franchir de gros rochers et de passer sur ou sous des arbres déracinés. J’espère seulement que je ne fais pas ça pour rien et que je vais finir par trouver cette arche. J’ai un doute car je n’ai pas croisé une seule personne depuis que j’ai pris l’embranchement sur ce chemin. Doutes très vite dissipés car la voilà enfin, en haut d’une paroi inaccessible. On ne peut la voir que d’assez loin, c’est ce qui fait qu’elle n’est pas très visitée.

Kolob Arch dans le nord de Zion National Park
Longue de 87,6 mètres, elle est seulement dépassée par Landscape Arch, située dans Arches National Park. Kolob Arch est bien plus épaisse et solide en apparence, ce qui devrait lui permettre de vivre plus longtemps et de ravir un jour la première place des arches les plus longues au monde. Quelques photos, une petite pause, puis je repars tranquillement par où je suis venu. Le retour s’annonce plus pénible car il commence à faire chaud et j’aurai la remontée finale à effectuer en plein après-midi. Certains passages de la randonnée se font dans le sable, ce qui rend la marche plus fatigante. Je sens également que je suis toujours marqué par ma fièvre du début de voyage. Pas d’ombre sur le chemin. Tant pis, je m’installe pour un déjeuner rapide au bord du ruisseau à la couleur saumâtre, en plein soleil.

Ruisseau La Verkin dans Kolob Canyons, Zion National Park
Paysage de Kolob Canyons, dans le nord de Zion National Park, Utah
Il est déjà bientôt 14h et je me dis qu’il va falloir accélérer le rythme si je ne veux pas arriver trop tard à mon motel ce soir. Plus d’arrêt jusqu’au bout, à part pour quelques photos. Comme prévu, la dernière montée, bien que modérée, me casse les pattes. Je suis de retour à la voiture vers 15h, très satisfait d’avoir vu ce que je voulais. J’aime beaucoup le nord de Zion, un peu moins impressionnant que la zone touristique du sud mais infiniment moins fréquenté. C’est peut-être parce que nous ne sommes que fin mars… Avant de quitter Zion, je me rends à Kolob Canyons Viewpoint, d’où je peux avoir une vue d’ensemble de la vallée et de ses sommets.

Vue de Kolob Canyons Viewpoint, Zion

Il est bientôt 16h et grand temps pour moi de prendre la route direction Capitol Reef. Trajet prévu d’environ 3h, d’abord par l’I-15 puis par de plus petites routes quasi-désertes au milieu de paysages sublimes de canyons, mesas et plaines immenses. Je n’ai pas réservé de chambre mais j’espère trouver de la place au Rim Rock Inn, tout près de l’entrée de Capitol Reef. A mon arrivée, pas de problème, il y a une chambre pour moi. Pas trop chère en plus (75$). L’emplacement de ce motel est idéal avec ses vues imprenables sur les environs. Au coucher du soleil, c’est à tomber ! Il y a aussi le Rim Rock Restaurant où je me rends pour dîner. C’est assez cher mais la journée a été éprouvante et j’ai bien mérité ma viande de boeuf sauce cranberries (délicieux !) et mon verre de vin.

Demain, ce sera moins sportif. Du moins pour moi. Mais pas pour la voiture, puisqu’elle devrait être bien sollicitée sur la piste de Cathedral Valley

A suivre dans l’épisode 2 de Déserts et grands espaces du Southwest : la piste de Cathedral Valley dans Capitol Reef et les formations rocheuses étonnantes d’Edmaier’s Secret !

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