ROAD TRIP EN SOLO AUTOMNE 2018 (épisode 5) – jours 25 à 32

Ce cinquième épisode de mon road trip solo de 2018 couvre les derniers jours de ce voyage, du sud de l’Arizona au sud de la Californie pour un retour de l’aéroport de Los Angeles. Au programme de ces huit jours : Saguaro et Organ Pipe Cactus puis plusieurs National Wildlife Refuge dans l’extrême sud-ouest de l’Arizona. Et enfin Anza Borrego pour terminer en beauté. Voici l’itinéraire :

Itinéraire de la cinquième partie de mon road trip de l'automne 2018
Lundi 5 novembre, retour au pays des saguaros

Il fait encore bien nuit quand je me réveille, cerné de toutes parts par des saguaros. Le soleil est à peine levé quand je quitte le camping et me dirige vers la première petite rando du matin, King Canyon. Je combine ce sentier avec ceux de Sendero Esperanza et Gold Mine pour une boucle de 2,4 miles effectuée sous une jolie lumière matinale.

Je prends ensuite la Bajada Loop Drive, la piste principale de la section ouest de Saguaro, et m’arrête pour aller au point de vue Valley View Overlook (moins d’un mile A/R). J’y suis déjà allé en 2009 mais j’en ai de bons souvenirs et je souhaitais y refaire quelques photos.

Vallée et forêt de saguaros le long de Valley View Overlook Trail, Saguaro West
Panorama et saguaros à perte de vue au bout de Valley View Overlook Trail, Saguaro West
Forêt de cactus, Saguaro West

J’aurais aimé rejoindre la partie nord du parc par l’autre piste, Golden Gate Road, mais celle-ci est rapidement bloquée. Demi-tour et fin de la Bajada en faisant un détour par Signal Hill où se trouvent de nombreux pétroglyphes dont certains datent de 1550 ans.

Pétroglyphe à Signal Hill, Saguaro West
Bajada Loop Drive dans Saguaro National Park West

Je sors donc du parc pour y entrer de nouveau par une autre route et accéder ainsi aux sentiers de la zone nord. J’y fais une courte boucle (Ringtail, Cam-Boh, Mule Deer) d’1,2 mile mais je me rends compte que j’ai manqué un embranchement ! Du coup, c’est plutôt le double de marche que j’effectue. Et à vrai dire, je commence à ressentir une petite lassitude car les paysages, bien que beaux, manquent un peu de variété.

Paysage vu de Mule Deer Trail, Saguaro West
Je crois qu’il est donc temps d’aller voir ailleurs. Direction Gila Bend, à 2h de route, où je vais prendre le reste de l’après-midi  pour faire une lessive, retravailler quelques photos et faire des courses pour les prochains jours. Sauf qu’il n’y a pas de supermarché ouvert à Gila Bend ! Tant pis, j’en ferai demain matin à Ajo avant d’entrer dans Organ Pipe Cactus.

Mardi 6 novembre, le long de la frontière mexicaine

C’est donc de bon matin que je quitte mon motel de Gila Bend pour Ajo, à moins d’une heure de route. J’y fais le plein d’essence et les courses que je n’ai pas pu faire la veille avant de repartir pour seulement 40 minutes jusqu’au visitor center d’Organ Pipe Cactus. Ce National Monument peu visité n’est rouvert totalement que depuis quelques années après avoir fermé en 2003 suite à l’assassinat d’un Ranger qui poursuivait des trafiquants de drogue. Aujourd’hui, le parc est très calme et sécurisé mais de nombreux panneaux rappellent régulièrement la proximité avec la frontière mexicaine et qu’une rencontre avec des narco-trafiquants reste possible. Après avoir glané quelques infos auprès d’une Ranger, je vais choisir mon emplacement au Twin Peaks Campground, un grand camping au milieu des cactus. On ne peut pas dire que ce soit la foule. D’ailleurs, je ne croiserai que très peu de voitures et encore moins de randonneurs lors de mes deux jours à Organ Pipe Cactus.

Je commence par la piste Puerto Blanco Drive, longue de 37 miles. Au bout de 30 minutes de route au milieu de superbes paysages, je m’arrête pour une courte marche vers Dripping Springs. On y trouve une source d’eau, à sec à cette période, mais c’est surtout la vue après une petite grimpette qui vaut le coup d’oeil. Ici, je retrouve l’immensité et le côté “wilderness” qui m’ont un peu manqués les jours précédents. En plus des nombreux saguaros présents, je découvre mes premiers organ pipe, ces cactus en forme de tuyaux d’orgue que l’on ne trouve qu’ici aux Etats-Unis (mais en grande quantité au Mexique).

Panorama vu de la montée vers Dripping Springs Trail, Organ Pipe Cactus
Vue du haut de Dripping Springs Trail, Organ Pipe Cactus
Un cactus Organ Pipe dominant la plaine à Dripping Springs

Je continue la piste jusqu’à une petite aire de pique-nique pour ma pause déjeuner. Pas un bruit en dehors du crissement d’une petite éolienne actionnée par le vent pour une ambiance très “Il était une fois dans l’Ouest” ! Mon arrêt suivant est à Quitobaquito qui se trouve à quelques mètres seulement de la frontière mexicaine. C’est d’ailleurs étonnant de voir qu’il n’y a que deux clôtures de moins d’un mètre de haut qui me séparent de la route côté mexicain. Quitobaquito est une petite oasis très agréable faite d’un étang au milieu du désert, entouré de quelques cactus. C’est ombragé, frais et très relaxant.

Un petit lac rafraîchissant à Quitobaquito, au milieu du désert d'Organ Pipe Cactus

Pendant les 10 miles suivants, jusqu’à la fin de la boucle, la route longe le Mexique. J’y rencontre à deux reprises des véhicules de la police des frontières qui me font passer sans m’arrêter. Mais avant de retrouver la route principale, je fais un détour par la piste Senita Basin Road qui atteint le coeur du parc. Dans cette zone, il y a plusieurs sentiers qui mènent à des mines abandonnées. Mais je me garde ça pour demain et me contente de faire la boucle Senita Basin Loop (3,1 miles). Le sentier est plat et un peu longuet mais on y trouve une grosse concentration de cactus organ pipe et une végétation riche et dense, représentative du désert de Sonora. Je rencontre une nouvelle grosse mygale (la 9ème et dernière du voyage) qui se met sur ses pattes avant en position d’attaque et prête à me sauter dessus à mon approche. Je préfère filer !

Il me reste encore le temps de faire une dernière marche avant que la nuit tombe. Je termine la piste et rejoins le camping où se trouve, à proximité, un court sentier (Desert View Trail). Cela me permet d’avoir une jolie lumière sur les cactus et une vue sur mon hébergement d’une nuit. Et comme la balade est encore plus rapide que prévue, je la complète par un tour du camping qui domine la plaine à l’est. Petit apéro, une bonne salade, quelques photos de nuit et au lit !

Lumière de début de coucher de soleil à Desert View Trail, Organ Pipe Cactus
Vue sur le camping Twin Peaks Campground, Organ Pipe Cactus
Saguaro dans Organ Pipe Cactus au coucher du soleil
Un saguaro admire la voie lactée à Organ Pipe Cactus, Arizona

Mercredi 7 novembre, une journée de randos à Organ Pipe

Ce matin, je vais aller dans la section est du parc, desservie par la piste (mais partiellement goudronnée) Ajo Mountain Drive. Le soleil est à peine levé quand je stoppe la voiture à Arch Canyon, que l’on aperçoit du parking. Je me contente de cette vue, dans la pénombre. En effet, un sentier permet de s’en approcher mais pas de la voir de plus près. Et j’ai déjà choisi de faire une autre rando, située quelques miles plus loin.

Arch Canyon le long d'Ajo Mountain Drive, Organ Pipe Cactus

La route, étroite, se poursuit et zigzague entre les montagnes et les cactus. Vraiment superbe !

Paysage le long de la piste Ajo Mountain Drive au milieu des Diablo Mountains, Organ Pipe Cactus
Estes Canyon et Ajo Mountains dans Organ Pipe Cactus
Ma première rando de la journée est à Estes Canyon pour rejoindre Bull Pasture (3,6 miles et à peine 300 mètres de dénivelé). Je choisis de monter directement au sommet pour tenter d’y attraper un peu de cette belle lumière matinale. Le sentier est bien tracé et pas tellement difficile malgré quelques passages plus pentus qui dégourdissent bien les jambes. En haut, la vue sur les Diablo Mountains et la Sonoyta Valley qui s’étend par-delà le Mexique est magnifique.

Vue sur le désert de Sonora en haut de Bull Pasture, Organ Pipe Cactus
Petite pause au sommet de Bull Pasture, Organ Pipe Cactus
Milliers de saguaros dans la plaine vus de Bull Pasture, Organ Pipe Cactus

La descente est plus douce, s’enfonçant jusqu’en bas d’Estes Canyon puis dans la plaine où virevoltent de nombreux oiseaux au milieu d’une dense végétation.

Organ Pipe Cactus le long du sentier d'Estes Canyon vers Bull Pasture
Moqueur à bec courbe (curved bill thrasher) sur un cactus organ pipe désseché

Après cette belle rando, je termine l’Ajo Mountain Drive avant d’enchaîner avec une autre marche qui va s’avérer beaucoup moins intéressante. Je n’étais pas encore allé à l’une des mines que l’on trouve dans le centre du parc. Je jette donc mon dévolu sur Baker Mine en passant par Red Tanks Tinaja. Ceux-ci étaient malheureusement complètement à sec lors de mon passage et donc peu impressionnants. Ensuite, le sentier est assez long (5,2 miles A/R), plat et peu varié. Et pour couronner le tout, Baker Mine n’est qu’un trou grillagé dans la roche.

Je pense qu’il vaut donc mieux choisir Victoria Mine ou Milton Mine qui semblent un brin plus intéressantes. Un peu échaudé par cette perte de temps, je reviens à la voiture à toute allure et même parfois en courant. Il me reste encore une rando que j’aimerais faire, à Alamo Canyon. Pause déjeuner au Alamo Canyon Campground avant d’effectuer la balade d’1,8 miles au total. Le paysage n’est pas aussi beau que ce matin mais la végétation est là encore très riche. Moins d’oiseaux cependant étant donné que la chaleur est bien installée en ce début d’après-midi (29°C). Le sentier longe et traverse un wash encore en eau et très rafraichissant, croise une petite maison en ruines et se termine à un ancien corral.

Je peux alors quitter Organ Pipe Cactus que je considère, malgré quelques petites déceptions dans la partie centrale, comme l’un des plus beaux endroits que j’ai visités dans le sud de l’Arizona. Retour à Ajo, où je fais un stop dans le centre historique pour admirer quelques beaux bâtiments et deux superbes églises, l’une catholique et l’autre méthodiste.

Eglise catholique dans le quartier historique d'Ajo, Arizona
Eglise méthodiste dans le quartier historique d'Ajo, Arizona

Je dois ensuite aller me renseigner au visitor center de Cabeza Prieta National Wildlife Refuge pour organiser ma journée de demain. Mon idée est de rejoindre Yuma par El Camino Del Diablo, une piste de 120 miles qui traverse les paysages les plus isolés des USA (hors Alaska). Mais la Ranger ne peut m’y autoriser car un vrai 4×4 est obligatoire et je n’ai qu’un AWD (merci le peu de choix de voitures à l’agence Hertz de l’aéroport de Los Angeles…). Dommage, mais je peux en revanche faire l’une des pistes de Cabeza Prieta, Charlie Bell Pass. Je signe mon permis et m’en vais trouver une chambre au Marine Motel, le moins cher de la ville, pour une soirée tranquille.

Jeudi 8 novembre, toute la richesse du désert de Sonora

L’idée de ce matin est de partir de nuit pour être dans Cabeza Prieta au lever du soleil et augmenter les chances de voir des animaux. La Ranger de la veille m’a dit qu’il y a de bonnes chances d’en observer au petit matin car ils sont assez nombreux dans cet endroit très isolé. Hélas, je vais encore faire chou blanc… Mais peu importe car la piste de 17 miles qui me mène à un départ de balade est belle, particulièrement avec ces teintes dorées du matin. Décidément superbe ce désert de Sonora !

Lever de soleil sur les montagnes de Cabeza Prieta, Arizona
Lever de soleil sur la piste de Charlie Bell Pass dans Cabeza Prieta National Wildlife Refuge, Arizona
Pas de difficulté particulière rencontrée avant les deux derniers miles, qui sont une véritable épreuve pour les pneus. Je crois bien que je n’ai jamais conduit sur une piste aussi rocailleuse. Vitesse maximale : 5 miles/h ! Ouf, pas de crevaison et j’arrive à une sorte de petit parking au bout de la route. Une barrière empêche d’aller plus loin en voiture, en dehors des véhicules de Rangers ou de la patrouille des frontières. Heureusement, car la qualité de la piste est réellement effrayante. Tout en descente, le sentier domine la plaine, bordé de saguaros, ocotillos et chollas cactus.

Ici, pas un bruit parasite et pas un seul touriste. En revanche, la Ranger de la veille m’a “mis en garde” sur l’éventualité de rencontrer des migrants mexicains qui s’arrêtent pour boire à un petit réservoir à moins de deux miles du début du sentier. Mais je n’y croise personne. L’objectif de cette balade est de découvrir les nombreux pétroglyphes des peuples Patayan et Hohokam, datant pour certains de près de 10 000 ans. Il y en a des centaines et probablement même des milliers si on explore les environs.

Retour ensuite à la voiture par le même chemin puis à Ajo par la même piste. Comme je ne peux malheureusement pas prendre El Camino Del Diablo, je rejoins Yuma par l’I-8 en deux heures. Direction Imperial National Wildlife Refuge, le long du Colorado et de la frontière entre l’Arizona et la Californie. La piste Red Cloud Mine mène à plusieurs points de vue sur cette zone humide entourée de montagnes arides, où se nourrissent de nombreux oiseaux (hérons, pélicans, oies…).

Pélicans en vol au-dessus d'Imperial National Wildlife Refuge, Arizona

Comme je n’ai pas beaucoup marché aujourd’hui, je vais me dérouiller un peu les jambes sur le sentier Painted Desert Trail (1,3 mile). Pas le plus beau “painted desert” que j’ai vu dans l’Ouest mais tout de même très sympa, surtout quand arrive la lumière de fin d’après-midi. Je me rends compte à la fin de cette marche que l’une de mes chaussures de rando est fendue à l’avant et ne va pas survivre encore bien longtemps. Je n’ai plus que quelques jours de voyage donc ça devrait tenir…

Collines de Painted Desert à Imperial National Wildlife Refuge
Paysage d'Imperial National Wildlife Refuge à Painted Desert

Après avoir hésité à me prendre un motel à Quartzite, je pousse finalement jusqu’à Blythe en Californie où j’arrive après le coucher du soleil. Je serai ainsi plus près de Cibola où je compte me rendre demain matin.

Vendredi 9 novembre, une oasis entre les falaises

Il fait bien frais ce matin quand je pars vers Cibola en début de matinée mais c’est très vivifiant. La route pour s’y rendre traverse une grande zone agricole et je me demande pendant un moment si je suis bien sur le bon chemin. J’arrive finalement à l’entrée du parc, mal indiquée, et commence immédiatement l’auto-tour sur la Canada Goose Drive. Celle-ci ne fait que 3 miles et longe très souvent des champs de maïs, ce qui ne me donne pas du tout l’impression d’être dans une zone protégée. La chasse est autorisée à certaines périodes dans les Wildlife Refuge mais ici, avec les agriculteurs dans leurs tracteurs et des habitations à quelques centaines de mètres, cela me semble assez dangereux…

Le tout début de l’auto-tour est le plus intéressant car j’y découvre après moins d’une minute des dizaines et des dizaines d’oies et bernaches dans un joli étang ou en plein vol. Ça jacasse bien fort, ça se chamaille et je suis aux premières loges pour les observer.

Etang peuplé d'oies des neiges et de bernaches à Cibola National Wildlife Refuge
Oies des neiges et bernaches dans un étang de Cibola le long de Canada Goose Drive
Bernaches et oies des neiges le long de Canada Goose Drive à Cibola National Wildlife Refuge
Envol de bernaches à Cibola National Wildlife Refuge
Je crois bien que j’y suis resté près d’une heure avant de poursuivre la route. A vrai dire, il n’y a pas grand chose d’autre en dehors d’une halte sur un sentier de 1 mile (Corn Fields Nature Trail) menant à un petit pont d’observation. Mais impossible d’aller jusque-là à cause des innombrables moustiques qui m’attaquent sans relâche. Obligé de faire demi-tour et de regagner la voiture en courant ! Je termine la Canada Goose Drive puis je retourne à mon premier arrêt pour assister à l’envol des oies des neiges.

Après Cibola, je reprends la route de la veille par Blythe, Quartzite puis le long de Kofa National Wildlife Refuge en direction de Palm Canyon. Arrêt pique-nique le long de la piste qui y mène et je suis prêt à marcher en début d’après-midi.

Palm Canyon Road, la piste menant au sentier de Palm Canyon dans Kofa National Wildlife Refuge
Marcher est un bien grand mot puisqu’il n’y a qu’un seul mile A/R pour atteindre le point de vue sur Palm Canyon, sorte de petite oasis coincée entre deux falaises. Il s’agit en fait des derniers palmiers de Californie que l’on peut trouver en Arizona dans leur milieu naturel, ce qui en fait “l’attraction principale” de Kofa. L’endroit reste heureusement très tranquille et il n’y a que deux autres voitures sur le parking marquant le début de la balade. Le sentier ne présente pas de difficulté et se termine donc par une sorte de replat d’où l’on aperçoit au loin les palmiers.

Palm Canyon vu du bout du sentier dans Kofa National Wildlife Refuge
Pour s’en approcher en revanche, il n’y a pas de sentier officiel. Il faut tracer son chemin dans la caillasse, dans des portions parfois très pentues et étroites puis escalader des rochers, ce qui nécessite d’avoir ses deux mains libres. J’ai malheureusement eu la très mauvaise idée de prendre avec moi mes deux appareils photo et pas de sac à dos. Une vraie galère pour arriver au bout sans cogner mes objectifs contre les parois ! Deux Italiens m’ont rejoint dans cette montée et nous arrivons ensemble à la base de l’oasis, au soleil à cette heure de la journée (elle est à l’ombre la majeure partie du temps). Les palmiers fournissent un peu de fraîcheur bienvenue. Je pourrais grimper plus haut mais avec mes appareils, ce n’est pas très sérieux. Je me contente de la vue d’où je suis, sur les palmiers d’un côté ; sur le canyon et mes deux acolytes du moment montés sur une flèche rocheuse de l’autre.

Après Palm Canyon, je me dirige dans la section King Valley de Kofa pour essayer d’aller à Horse Tanks, des petits réservoirs d’eau naturels dans une zone très aride. Je dis bien “essayer” car je n’avais pas prévu de m’y rendre et il n’y a pas d’indications le long de la piste (high clearance indispensable). Arrivé à ce qu’il me semble être le bout de la route, je descends, marche quelques centaines de mètres et monte en haut d’une petite colline pour scruter les alentours. Beau paysage mais je n’aperçois pas une trace d’une quelconque réserve d’eau. Ces “tanks” sont peut-être asséchés à cette période de l’année ? Ou je ne suis tout simplement pas au bon endroit ?

Avec le soleil qui ne va pas tarder à se coucher, je ne vais pas entreprendre de recherche plus poussée. Je reprends donc le chemin inverse pour redescendre ensuite jusqu’à Yuma et y passer la nuit. Je n’ai pas encore eu le temps d’aller à Castle Dome, ville fantôme située dans Kofa. Ce sera vraisemblablement mon premier objectif de demain.

Samedi 10 novembre, ghost town et sunset sur les badlands

Castle Dome n’ouvrant qu’à 10h, je prends mon temps ce matin pour un bon petit-déjeuner et un peu de rangement dans la voiture avant de la rendre dans deux jours. Il y a une heure de trajet environ de Yuma à Castle Dome par la route puis par une piste très roulante. J’arrive en avance mais le site est déjà ouvert et je suis accueilli par un couple d’Américains charmant.

Vue d'ensemble de la ville fantôme de Castle Dome City, Kofa National Wildlife Refuge
Il y a deux secteurs à visiter. Le premier, le plus important, est la ville fantôme qui est en fait une reconstitution et restauration à partir de vieux bâtiments d’époque (si j’ai bien compris les explications). Le second est celui des mines exploitées à la fin du 19ème siècle et est resté dans son jus (bien que j’ai un gros doute pour certains bâtiments qui me paraissent clairement restaurés). Cela faisait longtemps que je n’avais pas visité de ghost town car elles sont devenues tellement touristiques pour la plupart qu’elles en ont perdu toute authenticité. Ici, ce n’est pas le cas, je suis seul une bonne partie de la matinée (je n’ai vu au loin qu’un groupe de 4 personnes) et l’ensemble est plutôt bien fait. Franchement, on s’y croirait.

Dommage par contre d’avoir rajouté des mannequins pour tenter de donner vie aux intérieurs, ça enlève au contraire du charme à l’ensemble. Après environ 1h30 de visite, je me rends dans l’autre secteur, “Mine District”. La découverte est bien plus rapide car il n’y a que quelques bâtiments et puits à voir, mais intéressante tout de même.

Je quitte Castle Dome en fin de matinée en direction des paysages arides d’Anza Borrego, situés à environ 4h de route. A l’origine, j’avais prévu de passer du temps dans les dunes de North Algodones mais ça ne me motive pas plus que ça. Et quand je vois plein de quads dans les environs, ça me coupe totalement l’envie. Je me contente d’un point de vue le long de la route.

Dunes de North Algodones près de Glamis, dans le sud-est de la Californie

Passage par Salton City pour refaire le plein d’essence, indispensable avant d’entrer dans Anza Borrego. Je perds ensuite un temps fou à trouver l’entrée de la piste pour aller à Seventeen Palms, une oasis entourée de badlands. Pour arriver à mon objectif, je dois conduire dans un wash, comme toutes les pistes d’Anza Borrego d’ailleurs. Celui-ci est parfois étroit, très poussiéreux et suffisamment caillouteux pour que je m’inquiète de l’état de mes pneus. A ce moment-là, je ne le sens pas trop et je préfère rebrousser chemin, d’autant que mon but est d’être à l’heure pour le coucher de soleil à Fonts Point. Plus vite sorti de la piste que je n’y suis arrivé, je vais donc à Fonts Point que j’avais déjà vu en plein après-midi en 2015. Il n’y avait personne à l’époque mais aujourd’hui, nous sommes samedi et il y a déjà une bonne dizaine de personnes quand je me gare. Pendant que je prépare mes sandwichs du soir et ma couchette dans la voiture pour la nuit, d’autres personnes affluent… Il doit bien y en avoir une trentaine sur les bords du ravin au moment du coucher de soleil. Mais ces badlands sont tellement beaux que j’en oublie momentanément ce petit désagrément.

Début du coucher de soleil sur les badlands de Fonts Point, Anza Borrego
Badlands d'Anza Borrego à Fonts Point
Coucher de soleil sur les badlands de Fonts Point, Anza Borrego
En revanche, je n’arrive pas à passer outre cet insupportable bruit d’un drone dirigé par deux jeunes qui semblent ne pas du tout se soucier du dérangement qu’ils sont en train de causer. Je suis franchement à deux doigts de balancer une pierre pour faire chuter leur engin volant et avoir enfin la paix tant ils pourrissent le moment de tout le monde. Ils finissent par partir au bout de près d’une heure, en même temps que la grande majorité des autres visiteurs. Je profite des dernières minutes de luminosité pour faire quelques photos supplémentaires, avant de retourner à la voiture.

Désert et badlands vus de Fonts Point, Anza Borrego, Californie
Badlands vus de Fonts Point à l'heure bleue, Anza Borrego, Californie
Je dîne en regardant une petite série sur mon pc portable puis je ressors quand il fait nuit noire pour des photos des étoiles. Mais je déchante vite. Le ciel est très voilé et les étoiles absolument pas visibles. J’ai vu aux infos qu’il y avait de graves incendies au nord de Los Angeles et il est fort possible que les vents aient amené des particules de fumée jusqu’ici. Tant pis pour les photos. Il est temps d’aller dormir avant d’entamer demain ma dernière journée complète sur le sol américain.

Dimanche 11 novembre, ambiance martienne et oasis perdues

Le ciel est toujours très chargé quand me réveille et j’ai bien peur que le lever de soleil ne soit pas terrible. En fait, c’est plutôt tout le contraire. Sous le regard d’une bonne quinzaine de personnes, le soleil peine à percer à travers la brume de particules qui confère une atmosphère très particulière de fin du monde. Avec ce paysage désolé et ces teintes roses-orangées, on se croirait vraiment sur Mars !

Lever de soleil à Fonts Point, Anza Borrego, sous une couhe de particules due aux incendies autour de Los Angeles
Badlands d'Anza Borrego à Fonts Point au lever du soleil
Ambiance "martienne" à Fonts Point, Anza Borrego

Borrego Badlands ou planète Mars ?
Paysage de badlands à Fonts Point, Anza Borrego
Coucher de soleil sur Fonts Point côté Borrego Springs
Après ce fabuleux spectacle qui en a scotché plus d’un, je quitte Fonts Point avec la ferme intention d’aller pour de bon à Seventeen Palms. Cette fois, pas de demi-tour et j’arrive assez facilement au bout des 3,8 miles de conduite dans le wash. Il faut juste bien faire attention au tout petit panneau indiquant de tourner à droite peu avant la fin de la piste. La belle lumière de ce matin s’est envolée mais l’oasis est tout de même photogénique. Entre deux palmiers situés à l’arrière, on trouve un petit tonneau avec un registre à signer et même des bouteilles d’eau en cas de besoin !

Oasis Seventeen Palms dans Anza Borrego Desert
Petit tonneau caché entre deux palmiers à Seventeen Palms, Anza Borrego

Je reprends la piste et vais au-delà du croisement pour me rendre à Five Palms, une autre mini-oasis. Elle est rapidement visible de la voiture mais on peut bien entendu s’en approcher à pied. A cinq minutes de là se trouve aussi Una Palma, un palmier isolé au milieu des badlands qui semble comme le vilain petit canard rejeté par sa famille.

Retour au point de départ par le même chemin puis je me dirige vers le sud-est du parc pour découvrir Wind Caves. La piste d’environ 4 miles est extrêmement poussiéreuse et assez caillouteuse par endroits. C’est ensuite une boucle de seulement 1,5 mile qui passe donc par Wind Caves, une zone rocheuse où l’on trouve de nombreuses cavités et petites grottes. En fait, c’est assez peu spectaculaire mais idéal pour les enfants. Il y a d’ailleurs plusieurs familles présentes, ce qui me complique la tâche pour faire quelques photos. C’est surtout le panorama sur ce paysage hyper aride qui me plaît, avec le wash qui sert de piste d’accès au beau milieu.

Après un rapide déjeuner, il me reste encore l’après-midi pour faire plusieurs marches. Il ne faut donc pas que je traîne. Tout d’abord, un très court sentier qui mène à Kenyon Overlook, un point de vue situé approximativement dans le centre du parc à Yaqui Pass. Sympa mais pas franchement indispensable.

Ensuite, direction Blair Valley dans le sud-ouest d’Anza Borrego. Trois balades au programme. Morteros en premier, un petit chemin d’à peine un mile pour découvrir quelques trous dans la roche créés par les Indiens Kumeyaay à force d’y écraser de la nourriture pendant des centaines d’années. L’intérêt est plus historique qu’autre chose et c’est très vite vu. Plus intéressant, un autre sentier (2 miles A/R) me mène à quelques pétroglyphes sur un gros rocher. Il y a mieux dans le genre mais le chemin pour y accéder est très agréable au milieu d’une riche végétation d’agaves et de chollas cactus.

Pétroglyphes le long du sentier Pictograph Trail, Anza Borrego
Cholla Cactus et agaves font partie de la végétation d'Anza Borrego Desert
Je souhaite continuer jusqu’à un point de vue mais il y a énormément d’abeilles là-bas d’après un Québecois et son fils avec qui je discute quelques minutes. Je retourne finalement à la voiture pour me rendre à ma dernière petite rando de ce road trip 2018. Il y a également 2 miles A/R pour atteindre Marshal South Home au sommet de Ghost Mountain. On y trouve les ruines de la maison où vécut cet auteur avec sa famille de 1930 à 1947 ainsi qu’un joli panorama sur Blair Valley.

En pleine descente, alors que je marche à vive allure en sautant de rocher en rocher, je retombe en frottant ma jambe gauche contre un cholla cactus ! J’ai une quinzaine de grosses épines enfoncées au niveau du mollet et de la cheville, certaines de plus d’un centimètre de profondeur. Elles sont difficiles à retirer car elles s’accrochent à l’intérieur et laissent chacune un hématome une fois enlevées. Je finis très vite ma descente avant que ma jambe s’engourdisse. Nettoyage et désinfection des plaies puis application d’une bande et je me rends ensuite à mon tout dernier point de vue à Carrizo Badlands, à l’extrême sud d’Anza Borrego. Beaux mais pas autant que ceux de Fonts Point.

Carrizo Badlands au coucher du soleil, Anza Borrego

C’est parti pour le début de ma remontée en voiture vers Los Angeles. La très belle I-8 puis l’I-15 me mènent jusqu’à Vista, au nord de San Diego, où je passerai ma dernière nuit.

Lundi 12 novembre, retour à LAX

J’ai normalement moins de deux heures de route pour rejoindre l’aéroport et redonner ma voiture vers 15h30. A la base, je voulais faire quelques arrêts le long de la côte mais avec l’incendie à Malibu, le trafic risque d’être très perturbé. C’est en tous cas ce qui se dit aux infos. D’autant que c’est un jour férié (le lendemain du Veteran’s Day qui était un dimanche). Je ne vais donc pas prendre de risque et je décide d’aller directement du côté de LAX. Je profite quand même du temps que j’ai devant moi pour laver la voiture vu que les loueurs sont de plus en plus regardant. Finalement, le trajet se déroule tout à fait normalement, sans trafic excessif, et j’arrive à bon port vers midi. Chez Hertz, on me dit que la voiture est sale et que je vais devoir payer un supplément. C’est vrai qu’il reste un peu de poussière à l’intérieur et de boue séchée au niveau des jantes, mais rien de dramatique. Ils n’ont pas vu l’état de la voiture avant son lavage du matin ! Après négociation, ils acceptent de ne pas me faire payer pour cette fois tout en me disant que je serai facturé si ça se reproduit. Mais qui a dit que je reviendrai chez vous ? D’ailleurs, ce sera Alamo la prochaine fois !

Le vol retour est toujours long et fatigant, surtout après quelques centaines de kilomètres dans les pattes, mais ça me laisse le temps de revoir les photos de ce mois passé et de faire un peu de tri… En pensant déjà au prochain road trip. Celui-ci est prévu pour l’automne 2019 !

 

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