DÉSERTS ET GRANDS ESPACES DU SOUTHWEST (épisode 4) – jour 14 à 17

Dimanche 5 avril, badlands, hoodoos et rochers ailés

On a beau être dimanche, pas de grasse matinée mais un réveil à 6h et un décollage une heure plus tard. J’ai environ une heure de route pour aller à Bisti Badlands, au sud de Farmington. Je crois bien qu’à aucun autre endroit de l’Ouest américain on ne trouve une telle profusion de rochers aux formes étranges. Ce site n’est pas tellement connu et donc peu fréquenté. Lorsque j’arrive sur place, il y a tout de même quelques personnes qui ont planté leur tente pour assister au lever du soleil et à son coucher la veille. Trop tard pour moi mais je bénéficie encore d’une lumière suffisamment douce pour les photos.

J’ai mon gps de randonnée avec moi ainsi que les coordonnées des différents endroits où je souhaite me rendre à pied. Indispensable car Bisti Badlands peut ressembler à un véritable labyrinthe dans lequel il est très facile de se perdre. La marche se fait d’abord dans la plaine principale pendant une demi-heure, avant d’arriver à Cracked Eggs, où les rochers au sol ressemblent à des oeufs (qui me font penser au film Alien). Sous d’autres angles, on dirait des cafards.

Nombreux rochers en forme d'oeufs cassé dans Bisti Badlands, Nouveau-Mexique
Rocher en forme d'oeuf ou de scarabée dans Bisti Badlands, Nouveau-Mexique
En continuant plus à l’est, j’arrive à une sorte de promontoire sur lequel des aigles ont installé leur nid. Celui-ci semble vide. Je ne suis pas sûr que les aigles y résident toujours. Partout autour de moi, le paysage est constitué d’un réseau complexe de badlands parfois surmontés de hoodoos.

Paysage aride représentatif de Bisti Badlands, Nouveau-Mexique
C’est justement dans une zone de hoodoos que je me rends ensuite. L’accès est beaucoup moins aisé et j’invente le chemin au fur et à mesure en suivant la direction que m’indique mon gps. Les hoodoos, rassemblés par dizaines, font ici trois bons mètres de haut. Ils apportent ainsi un peu d’ombre bienvenue, alors que le soleil commence à cogner.

Paysage de Bisti Badlands pris en haut d'un groupe de hoodoos
Il n’est pourtant que 9h30. Après une petite pause, je poursuis ma route vers un lieu appelé Wings. Pour y accéder, il faut encore tâtonner, franchir les talus des badlands ou sauter de l’un à l’autre. Je ne suis pas sûr d’avoir pris le chemin le plus simple… Les Wings sont des rochers très étonnants, ressemblant à des ailes. Tout dépend là encore de l’angle sous lequel on les observe. Pour moi, ça ressemble beaucoup à des raies manta.

Hoodoos et rocher en forme d'ail ou de raie manta dans Bisti Badlands, Nouveau-Mexique
Deux Rochers en forme d'ailes (wings) dans Bisti Badlands, Nouveau-Mexique
Toujours est-il que je me demande bien comment leur “nez” peut bien tenir. Et pour encore combien de temps… Le retour à la voiture se fait en 40 minutes, après quelques frayeurs sur la direction à prendre. Pour ne pas me perdre, j’ai tout simplement suivi sur mon gps le tracé de l’aller jusqu’au parking. Il est presque midi. J’ai maintenant près de 3h de route pour rejoindre le Canyon de Chelly, dans l’est de l’Arizona. Trajet tranquille au milieu des plaines désertiques, stoppé uniquement pour ma pause déjeuner. J’arrive à 15h à Chinle, la petite ville située à quelques miles de l’entrée du canyon. Je ne perds pas de temps à trouver un motel (ce sera le Best Western, pas donné) afin d’aller le plus tôt possible faire des points de vue du Canyon de Chelly. Pas de randonnée prévue aujourd’hui, ce sera pour demain matin.

Je choisis de faire d’abord la rive sud, où se trouvent les principaux points de vue. Certains sont assez vertigineux, avec des à-pics très raides de 300 mètres de haut. La particularité du Canyon de Chelly, situé en plein territoire Navajo, est d’être encore habité par des familles indiennes. On peut donc voir quelques maisons installées dans le fond du canyon. On trouve également des ruines visibles depuis certains points de vue. Mais comment les Indiens qui y habitaient auparavant faisaient-ils pour descendre de chez eux et remonter ? Le clou du spectacle est sans aucun doute Spider Rock, au bout de la route de 30km. Une aiguille rocheuse de 240 mètres de haut, très photogénique.

Canyon de Chelly vu de Sliding House Overlook
Ruines indiennes vue de Sliding House Overlook, Canyon de Chelly
Spider Rock, sur la rive sud du Canyon de Chelly

Le soleil se couche mais je reviens sur mes pas et tente ensuite de faire la rive nord. Mais la luminosité est trop faible et je renonce après le premier point de vue. D’autant qu’il commence à faire franchement froid et que je n’ai rien pris avec moi pour me réchauffer. Retour au motel, dîner et nettoyage du matériel photo avant d’aller au lit vers 22h30.

Lundi 6 avril, en route vers le Grand Canyon

Ce matin, j’ai prévu une petite randonnée pour descendre au fond du Canyon de Chelly. Pas trop longue heureusement, car j’ai de nouveau un peu de fièvre et pas franchement une forme olympique. Sans doute un petit coup de froid à cause de la fraîcheur d’hier soir. Quand je sors de ma chambre d’hôtel après avoir pris un rapide petit-déjeuner, je me rends compte que la température est encore basse. Il y aussi un vent fort et glacial, surtout quand j’arrive en haut du canyon, prêt à commencer ma balade. Il fait par contre très beau et la chaleur ne tarde pas à arriver.

Cette randonnée (White House Trail) est la seule du parc que l’on peut faire non-accompagné. Les autres nécessitent obligatoirement un guide indien. Il s’agit ici de rejoindre la ruine appelée White House, logée dans une falaise ocre du canyon. Le chemin de 4 km aller-retour, qui descend donc continuellement, n’est pas difficile. Mais en cas de pluie, les risques de glissade sont importants et rendent le périple dangereux. La descente est réglée en 45 minutes, en prenant mon temps pour apprécier le paysage.

Sentier de White House Trail descendant en bas du Canyon de Chelly
Ruisseau passant dans le fond du Canyon de Chelly vu de White House Trail
Une fois au fond, il reste quelques centaines de mètres avant d’arriver à la ruine. Il est encore tôt et je suis donc seul quand j’atteins l’objectif. A quelques mètres de là, une femme navajo commence à installer son étal d’objets et bijoux artisanaux. La ruine, elle, est intéressante surtout de par son emplacement, creusée dans la roche d’une falaise lisse et abrupte.

Ruines de White House construites au sein de la falaise lisse et abrupte, Canyon de Chelly
Je reste une dizaine de minutes à profiter du calme qui règne ici. Avant de remonter par le même chemin. Il n’est que 9h30, j’ai donc le temps de retourner aux points de vue que je n’ai pas pu voir hier soir à cause du manque de luminosité. Un peu de route puis de nouvelles ruines que l’on peut voir de l’autre côté de la rive où je me trouve. L’une de ces ruines, Massacre Cave, a été le théâtre d’un affrontement très violent en 1805 entre les Navajos qui habitaient le canyon et des soldats espagnols qui tuèrent 115 personnes. Pour terminer, je me rends à Antelope House, où quelques Navajos s’activent dans leurs gros 4×4.

Ruines d'Antelope House dans le Canyon de Chelly
Il est désormais presque midi, l’heure de prendre la direction du Grand Canyon pour environ 3h30 de conduite jusqu’à l’entrée est. En passant par des routes peu fréquentées. A Cameron, trente minutes avant le Grand Canyon, des travaux de réfection de la route occasionnent des bouchons dans une zone habituellement tranquille. Et voilà que survient une tempête de sable, qui réduit considérablement la visibilité ! Heureusement, elle ne dure que quelques minutes et je reprends ensuite mon rythme pour arriver enfin, vers 16h, au Grand Canyon. De façon très classique, je décide de faire plusieurs points de vue avant de prendre possession de ma chambre d’hôtel puis de ressortir pour le coucher du soleil. Desert View, Lipan Point, Moran Point, Grandview et Yaki Point… C’est toujours aussi beau et impressionnant !

Grand Canyon vu de Moran Point, Arizona
On a beau n’être qu’en avril, il y a déjà beaucoup de monde. Mais comme à chaque fois au Grand Canyon, c’est moins dérangeant qu’ailleurs car de manière générale, les gens sont respectueux et silencieux devant le spectacle qu’ils ont sous leurs yeux. Contrairement à Bryce Canyon où c’est souvent infernal.

Ayant réservé mon hôtel trop tard, je n’avais pas pu avoir de chambre dans l’un des lodges à l’intérieur du parc. A la place, j’ai opté pour un motel situé à 30 minutes plus au sud (Grand Canyon Inn). Un motel sans charme particulier et au bord de la route, mais pratique et pas trop cher. J’ai tout juste le temps de poser mes affaires que je dois déjà repartir. Le soleil ne va tarder à se coucher et je ne voudrais pas rater ça. Quelques lambins me ralentissent et j’arrive ainsi à Mather Point (au visitor center du parc) avec quelques minutes de retard. Les derniers rayons du soleil embrasent quand même encore la roche, ce qui me permet de faire quelques photos.

Coucher de soleil sur le Grand Canyon à Mather Point
Je rentre ensuite de nouveau à l’hôtel, d’abord pour y dîner (restaurant correct). Quelques envois d’emails dans la soirée et dépoussiérage habituel du matériel avant d’aller dormir. Je profiterai un peu plus du Grand Canyon demain, notamment en l’admirant du ciel…

Mardi 7 avril, survol du géant

J’ai rendez-vous ce matin à 8h30 à l’aéroport du Grand Canyon pour un survol en hélico prévu à 9h. Je suis un peu anxieux car il y a du vent et je garde toujours en travers de la gorge l’annulation de mon vol au-dessus du Lac Powell pour les mêmes raisons. J’arrive en avance au comptoir de la compagnie aérienne Papillon, et je m’empresse de demander si le vol aura bien lieu. Oui, il est maintenu car il est prévu que le vent se calme rapidement ! Je remplis donc les papiers de formalité puis on me demande de me peser. C’est impératif pour déterminer où je serai placé dans l’hélicoptère. Sachant que j’ai demandé à être devant (moyennant un supplément) pour pouvoir prendre des photos. L’hôtesse m’explique que ma demande a bien été enregistrée mais qu’elle ne pourra être acceptée qu’en fonction des autres passagers et de leur poids. D’autres personnes sont présentes dans la salle d’attente, pour des vols plus courts (20 à 30 minutes). Moi, j’ai choisi celui de 45 minutes qui permet de découvrir la rive sud du Grand Canyon ainsi que la rive nord. A un peu plus de 9h, il est temps d’embarquer. Bonne nouvelle, j’aurai bien une place devant, sur la droite de l’hélicoptère ! Je suis en compagnie d’une famille d’Américains venus de Chicago. Les parents dans la quarantaine et leurs deux fils de 12 et 16 ans.

Ce n’est pas la première fois que je monte dans un hélicoptère, mais c’est toujours assez impressionnant. D’autant que les vitres panoramiques à l’avant vont quasiment sous mes pieds et permettent d’avoir une vue vertigineuse sur le paysage en-dessous. Deux minutes de vol au-dessus de la forêt qui s’étend à perte de vue, puis le gouffre béant apparaît. Le moment du franchissement est incroyable et crispant car des turbulences se font immédiatement sentir. L’hélicoptère est “aspiré” et le pilote doit manoeuvrer pour garder son engin stable. Il rassure tout le monde en expliquant que ces turbulences sont assez courantes, surtout en cette période de l’année où les différences de température créent facilement des trous d’air. En tout cas, le paysage est sublime.

C’est une autre vision du Grand Canyon, différente et complémentaire de celle que l’on a du plancher des vaches. Une autre façon de se rendre compte de l’immensité du canyon. Pour les photos en revanche, c’est compliqué ! L’hélico bouge beaucoup, des éléments de la carlingue me gênent pour cadrer correctement et des reflets sur la vitre m’empêchent de faire des clichés corrects. Pas grave, les souvenirs seront dans ma tête.

Le Grand Canyon vu d'hélicoptère
Vue aérienne des falaises abruptes du Grand Canyon
L’hélico commence par la partie sud-est avant de survoler la partie nord en passant au-dessus du Little Colorado et sa couleur turquoise, puis de revenir par le sud-ouest. Le tout agrémenté de quelques commentaires décontractés du pilote et toujours pas mal de turbulences. Retour vers 10h. Le temps de se désharnacher, de remercier le pilote et de dire au revoir aux autres passagers, je reprends la voiture à 10h15 direction… le Grand Canyon. J’ai en effet prévu une petite rando le long de Hermit Road, à l’ouest du parc, afin de découvrir plusieurs points de vue. Lors de mes visites précédentes au Grand Canyon, j’ai privilégié les randonnées dans le canyon et évité Hermit Road en raison de son aspect plus touristique. En dehors des mois d’hiver, il est en effet nécessaire d’utiliser des navettes s’arrêtant aux différents points de vue. Et ça, ce n’est pas franchement mon truc. Sinon, il faut faire l’aller-retour à pied, mais ça fait quand-même 25 kilomètres. Pas le temps pour moi. Je décide donc d’en faire une partie à pied puis de prendre la navette pour les derniers kilomètres et le retour.

Le chemin, relativement plat, goudronné par endroits et souvent ombragé, longe cette partie de la rive sud du Grand Canyon. Et finalement, je croise peu d’autres personnes. Sans doute utilisent-elles les navettes pour aller d’un point à un autre. Les points de vue sont espacés d’un ou deux kilomètres la plupart du temps. Je fais les cinq premiers, jusqu’à Mohave Point, en passant par mon préféré, Hopi Point.

Sur le Rim Trail à Hopi Point, vue sur l'immensité du Grand Canyon
Grand Canyon vu du point de vue Hopi Point
Ici, on perçoit vraiment bien l’immensité et la complexité géologique du Grand Canyon. J’en profite pour faire ma pause déjeuner. Je prends ensuite la navette jusqu’à The Abyss, où l’à-pic est particulièrement vertigineux, puis jusqu’au bout de la route, à Hermits Rest. Là, forcément, il y a plus de monde. Après une petite pause, le retour en navette est assez rapide car elle ne s’arrête qu’à trois points de vue. Je suis ainsi de retour à ma voiture avant 16h.

J’ai maintenant de la route à faire car je dois me rendre au départ de la randonnée qui me permettra de rejoindre demain matin Havasupai et ses chutes d’eau et piscines naturelles turquoises. Plusieurs mois avant mon départ, j’avais tenté d’obtenir une chambre à Peach Springs, seule petite bourgade à proximité (à plus d’une heure de route tout de même du début de la rando), mais tout était pris. Je m’étais donc résigné à me rendre à Hualapai Hilltop, le parking d’où part la fameuse randonnée, et à dormir dans ma voiture. J’ai besoin avant cela de faire quelques courses, ne serait-ce que pour manger quelque chose ce soir. Je fais donc un arrêt au supermarché Safeway de Williams afin de refaire le plein de nourriture et d’eau. A vrai dire, je ne suis pas forcément très emballé à l’idée de dormir dans la voiture car il fait froid la nuit et je n’aurai même pas la possibilité de faire des photos de nuit (ce qui était ma motivation première) car le ciel est bouché ce soir. Je décide donc de tenter tout de même ma chance à l’hôtel de Peach Springs. Et coup de chance, il leur reste finalement une chambre ! Bon, c’est pas vraiment donné (110$) et on entend le sifflement du train passant derrière l’hôtel toutes les heures, mais ça va quand même me permettre de passer une meilleure nuit. Il faudra juste que je me réveille plus tôt demain matin car j’aurai donc plus d’une heure de route avant de commencer ma randonnée…

Mercredi 8 avril, paradis turquoise

La journée d’aujourd’hui s’annonce particulièrement chargée ! En effet, je dois théoriquement faire l’aller-retour vers Havasupai, n’ayant pu réserver une chambre dans le seul motel de Supai (et n’ayant pas non plus de matériel de camping). Nuit courte et réveil à 5h du matin pour un départ avant 6h. J’ai un trajet d’environ 1h15 jusqu’au départ de la randonnée. La route en ligne droite est agréable bien qu’un peu monotone, simplement égayée par des vaches ou quelques cervidés traversant la route. Enfin arrivé, je vérifie que j’ai toutes les affaires nécessaires avec moi. Je prends tout de même de quoi passer la nuit là-bas, on ne sait jamais… Ma valise, elle, est restée à l’hôtel de Peach Springs dans une pièce fermée à clé. C’est parti pour 13 kilomètres de descente sur un chemin assez caillouteux et abrupt au départ. Il est 7h15, le soleil est tout juste levé et il fait encore bien frais. Je suis particulièrement en forme ce matin et je descends donc à bon train dans le superbe canyon Havasu.

Paysage d'Havasu Canyon sur le chemin allant de Hualapai Hilltop à Supai
Pour le moment, je n’ai rencontré personne sur le chemin. Le silence règne. Au bout de 30 minutes, le sentier se fait moins pentu mais la chaleur commence à arriver. Heureusement, les parois du  canyon se resserrent et m’offrent régulièrement de l’ombre.

Le chemin en direction de Supai passe entre les parois du Canyon Havasu
Je croise alors les premiers randonneurs de la journée, déjà à la peine. La montée finale risque d’être bien difficile pour eux… J’arrive finalement vers 9h20 à Supai, soit à peine plus de deux heures de marche. Je n’ai pas traîné ! L’entrée dans le village est comme dans mon souvenir quand j’étais venu ici pour la première fois en 2009 : une longue ligne droite de sable entourée d’enclos et quelques baraques sur les côtés au milieu d’un cadre magnifique.

Arrivée à Supai, entouré des falaises rouges du canyon Havasu
Tout de suite, direction le motel pour tenter ma chance. Quand j’avais voulu réserver il y a plusieurs mois, on m’avait dit que tout était déjà réservé. Mais par expérience, je sais que ce n’est pas toujours le cas. Le motel vient tout juste d’ouvrir ses portes et j’ai clairement l’air de déranger. Il faut dire que les habitants de la réserve d’Havasupai ne sont pas forcément tous très chaleureux. Du moins au premier abord. Mais je reste aimable et poli quand je leur demande s’ils ont une chambre libre. La réceptionniste en face de moi me regarde d’un drôle d’oeil et me réponds que non. Déçu mais tant pis, je m’y étais préparé. Je vais donc devoir foncer aux chutes pour faire les photos voulues puis remonter à la voiture en pleine chaleur. Ça fait beaucoup de kilomètres (35 tout de même) pour peu de temps sur place… Je suis tout juste sorti du motel que la réceptionniste me court après. Elle a finalement une chambre libre ! Une personne viendrait soi-disant d’annuler sa réservation. Mouais, je ne crois pas franchement à son explication mais peu importe, l’essentiel est que je passerai la nuit ici et que j’ai du coup plus de temps pour en profiter.

Après avoir pris possession de la chambre, je repars donc vers Havasu Falls, la plus célèbre des chutes d’eau d’Havasupai. Il y a 3 km de marche à partir de Supai, mais bien que le chemin soit sablonneux et qu’il fasse chaud, la balade est agréable et magnifique. Le vert de la végétation, le vert-turquoise de la rivière, le bleu du ciel et l’orange-rouge du canyon forment un splendide patchwork de couleurs. Un petit détour par la première chute, New Navajo Falls, légèrement excentrée. Puis la deuxième, Fifty Foot Falls, au bord du chemin. C’est rafraichissant en plus d’être très beau.

Upper Navajo Falls (ou New Navajo Falls), première chute en venant de Supai, a pris la place de l'ancienne Navajo Falls qui n'existe plus depuis les inondations de 2008
Lower Navajo Falls (ou Fifty Foot Falls) est la deuxième chute en venant de Supai
Après 30 minutes de marche et quelques arrêts photo, me voilà enfin à Havasu Falls. J’arrive plutôt au bon moment car elle est encore au soleil. Quelques personnes se baignent ou profitent de la fraîcheur des embruns autour des piscines naturelles turquoises. C’est encore plus beau que la dernière fois que je suis venu ici car c’était à peine un an après de graves inondations qui ont largement modifié le paysage. L’eau n’était pas encore redevenue turquoise, contrairement à aujourd’hui.

L'eau d'Havasu Creek restent contante toute l'année aux alentours de 21° C
Havasu Falls et ses eaux turquoises, le matin à Havasupai
C’est le moment pour moi de poser mon matériel. Une petite heure de repos pour mettre les pieds dans l’eau, profiter tranquillement du paysage et faire quelques photos. Direction ensuite Mooney Falls, à 1,5 km de là en passant par le camping particulièrement bien placé (sauf quand il y a des inondations…). Mooney Falls est la plus haute (60 mètres) des chutes d’Havasupai. On peut l’admirer d’en haut ou bien descendre à ses pieds via un chemin assez dangereux que j’avais déjà utilisé en 2009. Celui-ci passe dans une sorte de tunnel rocheux bas de plafond et demande de s’aider de chaînes et d’échelles pour arriver en bas. Le sol est très glissant et je suis surtout gêné par mon gros sac à dos et le trépied qui dépasse et se prend dans le plafond rocheux, manquant de me faire vaciller. Je ne prends pas de risque et reste finalement en hauteur. C’est là que je fais ma pause déjeuner, en alternant avec la prise de photos.

Mooney Falls tombe de 64 mètres du canyon d'Havasupai
Je n’aurai pas le temps d’aller à Beaver Falls, la dernière chute, située à 3,5 km de Mooney Falls. Tant pis, ce sera pour une autre fois. A la place, je rentre à Supai faire quelques courses pour ce soir dans la supérette du village. Il fait vraiment chaud dehors et je commence à fatiguer. Mes jambes et mes pieds surtout. Une petite heure de repos au frais dans ma chambre et je suis d’attaque pour repartir vers Havasu Falls et faire d’autres photos avec une lumière différente. Je ne resterai pas jusqu’au coucher du soleil en revanche car je ne me vois pas faire le chemin du retour dans le noir sans ma lampe frontale que j’ai malheureusement oubliée dans la voiture. Vers 17h30, le ciel est encore clair mais la cascade est dans l’ombre. Plus un seul touriste, hormis deux photographes qui ont eu la même idée que moi.

Vue d'ensemble d'Havasu Falls en fin d'après-midi, réserve d'Havasupai
A 18h30, la luminosité commence à fortement diminuer et m’oblige à rentrer dans la pénombre. Dîner rapide puis sortie de quelques minutes dans le village déjà endormi (il n’est que 20h) à l’exception du bar, je rentre ensuite me coucher. Avec 30 km dans les pattes, je suis sur les rotules ! J’ai intérêt à bien récupérer pour faire la remontée demain. A moins qu’il y ait une autre solution…

A suivre dans l’épisode 5 de Déserts et grands espaces du Southwest : les paysages arides de Joshua Tree et les oasis d’Anza Borrego !