DÉSERTS ET GRANDS ESPACES DU SOUTHWEST (épisode 3) – jour 10 à 13

Mercredi 1er avril, roches tortueuses et palette de couleurs incroyable

Réveil à 7h, une bonne douche puis un petit-déjeuner copieux préparé par Susan, la femme de Steve. Oeufs brouillés, bacon, haricots ainsi que des toasts avec de la confiture et un bon café. Nous prenons quelques minutes pour parler un peu de la journée à venir. J’avais demandé à Steve, en plus d’aller à Coyote Buttes South, de faire un tour à White Pocket, un endroit situé dans la même zone. Nous commencerons d’abord par là, avant d’aller à Coyote Buttes South en début d’après-midi. Je profite ensuite du calme matinal et range tranquillement mes affaires avant de partir pour la journée. Un peu avant 9h arrive l’autre personne qui participera à cette sortie. Il s’agit d’un Américain d’une cinquantaine d’années, Dave, habitant à Seattle. C’est parti pour environ 1h30 de route par la House Rock Valley Road puis d’autres pistes adjacentes. Effectivement, certaines sont très chaotiques et il est indispensable d’avoir une très haute garde au sol. Pas sûr que mon petit 4×4 aurait pu passer partout. Il y a en plus des zones de sable profond dans lesquels les véhicules peuvent facilement s’embourber. Durant le trajet, on discute de pas mal de choses et notamment de politique américaine !

Nous arrivons à White Pocket vers 10h30. Le site n’est pas très grand, quelques km² seulement, mais regorge de coins et recoins fascinants. En deux heures de temps, on n’a évidemment pas le temps de tout explorer. Steve nous dirige vers les endroits les plus intéressants mais nous laisse libres d’aller où bon nous semble. Les possibilités de photos sont quasi-infinies. Là aussi, l’érosion a fait des merveilles et donné naissance à un paysage très torturé. Ce lieu est un vrai paradis pour les géologues !

L'érosion a donné des formes étrange à la roche de White Pocket, Arizona
Bon exemple de la forme complexe que l'érosion a donné à la roche dans White Pocket
Et, une fois n’est pas coutume, la roche est à dominante blanche. Elle prend par endroits des formes improbables. Je retrouve d’ailleurs quelques brainrocks, comme la veille dans Edmaier’s Secret. Quelques personnes sont présentes au loin mais, heureusement, ce n’est pas la grande foule. Pourtant, White Pocket commence à se faire une petite réputation depuis plusieurs années et comme il n’y a pas besoin de permis pour y accéder (du moins pour le moment), l’affluence ne fait que grimper.

Brainrock (roche ressemblant à un cerveau) dans White Pocket, Arizona
Relief incroyable dans White Pocket, situé dans Vermilion Cliffs National Monument
Roche sculptée en forme de S dans White Pocket, Arizona
Marcher dans White Pocket ne présente pas de difficulté particulière, mais il faut parfois s’aider de ses deux mains pour grimper sur des rochers ou en descendre. Pas facile avec l’appareil photo autour du cou qui se balance. Au bout d’environ deux heures, Steve nous fait signe qu’il va falloir rentrer à la voiture car il faut maintenant prendre la route de Coyote Buttes South. A peine partis, nous redescendons de voiture pour aider une famille dont la voiture est ensablée. Pas étonnant vu que ce n’est pas un 4×4. Après avoir dégagé les pneus, Steve installe un câble entre leur voiture et la sienne et parvient à les tirer hors de la zone de sable. Heureusement pour eux car ils auraient pu rester ici pendant des heures sans voir personne…

Pour gagner du temps, nous mangeons tous les trois nos sandwiches dans la voiture pendant que Steve conduit. Moins d’une heure de route et nous voilà à l’entrée de Coyote Buttes South, section Cottonwood Cove (il y a aussi la section Paw Hole, plus au sud). Ici, contrairement à White Pocket, c’est immense et tortueux. Il y a vraiment de quoi se perdre si on n’a pas un minimum le sens de l’orientation. Steve connaît le moindre recoin comme sa poche et nous permet d’aller directement aux endroits les plus intéressants. Mais en fait, c’est intéressant et beau partout ! La roche est ocre, jaune, rose et rouge tirant parfois vers le violet. Les formations rocheuses y sont encore plus variées et étonnantes qu’à White Pocket : brainrocks, striures, roche “malaxée”, teepees (reconnaissables à leurs forme significative)… Certaines ont même un nom, comme “Control Tower” (photo ci-dessous).

Formation rocheuse appelée "Control Tower" dans Coyote Buttes South, Arizona
Panorama de Coyote Buttes South et formations rocheuses dites "teepees", Arizona
La roche semble avoir été malaxée, Coyote Buttes South
La marche est assez fatigante. Dans le sable, sur la roche, avec quelques dénivelés et des sauts à effectuer. Ce n’est pas dangereux mais assez épuisant, d’autant que le soleil tape fort en plein après-midi. Il y aussi beaucoup de vent qui freine notre progression et soulève le sable qui vient se coller à mes objectifs photo. Il va y avoir du nettoyage à faire ce soir. Steve, Dave et moi-même descendons ensuite vers une zone nommée “Fin Land”, en raison de la roche très délicate et friable que l’on y trouve. Il faut faire bien attention de ne pas marcher n’importe où. Sur les parois rocheuses, on distingue bien les différentes strates de roches. Steve nous montre également une belle empreinte de dinosaure fossilisée.

Buttes striées de Coyote Buttes South, section Cottonwood Cove, Arizona
Empreinte fossilisée de dinosaure dans Coyote Buttes South, Arizona
Quelques minutes plus tard, nous arrivons à “The Third Wave”, une vague rocheuse rappelant celle de Coyote Buttes North. Moins lisse cependant et moins grande, mais c’est tout de même vraiment superbe.

Third Wave dans Coyote Buttes South, Arizona

Il nous faut ensuite revenir par où nous sommes venus puis terminer la boucle pour retourner à la voiture. En tout, cette balade dans Coyote Buttes South aura duré près de quatre heures. Mais la journée n’est pas encore tout à fait finie. Steve a en effet prévu de passer par Paw Hole, l’autre section de Coyote Buttes South. Beaucoup plus petite que Cottonwood Cove et constituée de nombreux teepees, très photogéniques en fin d’après-midi.

Teepees de Coyote Buttes South, section Paw Hole
Bien sûr, nous n’avons pas le temps d’explorer car il est déjà 18h30, mais cela conclut magnifiquement cette belle journée. Le retour se fait par la même piste que le matin et nous arrivons à Paria Outpost vers 19h30. Le temps de remercier Steve et Susan et de saluer Dave, je reprends la route pour une demi-heure seulement. Direction Page, où j’ai réservé dans un Rodeway Inn pour deux nuits. Rapide dîner et dodo pas trop tard car le lever se fera à 6h demain.

Jeudi 2 avril, déception aérienne et féérie lumineuse

Ce matin, j’ai rendez-vous à 7h30 à l’aéroport de Page pour un survol programmé du lac Powell jusqu’à Monument Valley en passant au-dessus de Rainbow Bridge. C’est cher mais ça devrait valoir le coût, d’autant que ça dure tout de même 1h30. J’arrive sur place en avance et constate que tout n’est pas encore ouvert. J’attends de longues minutes avant qu’une hôtesse ouvre l’un des guichets. Pas de chance, ce n’est pas ma compagnie aérienne, Westwind Air Service. Je trouve tout de même étrange qu’il y ait aussi peu de monde. Le vol commence en fait à 8h mais je devais être présent 30 minutes auparavant. Là, il est 7h50. Je décide d’aller poser quelques questions pour être sûr qu’il n’y a pas de problème quand une personne de ma compagnie arrive. Et m’indique que malheureusement, le vol est annulé. En effet, il y a beaucoup de vent ce matin, trop sans doute pour autoriser le décollage. On me propose de réessayer demain, mais ce ne sera pas possible car j’ai une sortie en bateau sur le lac Powell de prévue… Je quitte donc l’aéroport déçu, en me disant qu’au moins, j’aurai fait une grosse économie (275$).

Je prends donc la direction d’Upper Antelope Canyon, l’un des lieux les plus célèbres de l’Ouest américain. Jusqu’à présent, j’avais toujours refusé d’y aller, car c’est un endroit beaucoup trop touristique. Je crains que ça ne me gâche l’expérience, même si je suis sûr que c’est magnifique. Mais cette fois, c’est l’occasion, surtout qu’il me faut des photos pour mon site internet. Après être rapidement repassé par ma chambre d’hôtel, j’arrive donc à la guérite de réservation d’Antelope où il y a déjà la queue. Il y a des départs toutes les demi-heures. L’idéal, c’est de réserver entre 11h et midi car c’est à ce moment de la journée uniquement que les rayons du soleil pénètrent dans le slot canyon en créant d’incroyables rais de lumière. Je prends un “photographer’s tour”, plus cher mais plus long (2h), qui permet aussi d’emporter un trépied et d’avoir la priorité pour prendre des photos. Les groupes sont donc plus petits. Nous sommes six, contrairement aux groupes classiques qui sont une bonne vingtaine.

Il y a une dizaine de minutes de route dans une piste très sablonneuse avant d’arriver à l’entrée du canyon. Celui-ci est très étroit par endroits, mais d’une beauté à couper le souffle. Les parois rocheuses, grâce à l’érosion de l’eau, ont pris des formes incroyables, lisses et incurvées. D’un orange intense, jaune ou presque rouge.

Parois verticales dans Upper Antelope Canyon, Arizona
A l’intérieur du canyon, les sons résonnent comme dans une cathédrale. Pour le silence, en revanche, on repassera. Comme je le craignais, il y a foule. Tout le monde est à la queue leu leu, se croise, se cogne. C’est un peu l’enfer là-dedans ! Heureusement que j’ai choisi le tour pour les photographes car notre guide navajo fait le ménage pour que personne ne soit devant nous pour les photos. A chaque nouveau point de vue, nous avons environ 3 minutes pour mitrailler. Sachant qu’il faut régler le trépied, faire ses réglages, nettoyer le boitier et l’objectif du sable tombant des hauteurs… Pas vraiment de tout repos. Il y a encore plus d’agitation quand arrive le moment attendu : les rayons du soleil pénètrent dans le canyon. Malgré le monde et le bruit, le spectacle est fascinant.

Plusieurs rayons du soleil traversent Upper Antelope Canyon, Arizona
Les rayons du soleil parviennent dans Antelope Canyon en fin de matinée
Rayon du soleil au milieu des parois d'Antelope Canyon, Arizona
Le sable et la roche se confonde dans Antelope Canyon
Tout est très minuté et une fois le temps écoulé, le groupe suivant prend notre place. Au bout d’à peine deux heures, nous ressortons par où nous sommes entrés et revenons à notre point de départ. Finalement, je suis tout de même satisfait d’avoir découvert Upper Antelope Canyon. Je pense que c’est un lieu tellement beau qu’il faut le voir une fois, en sachant qu’il y aura un flot de touristes ininterrompu. Sinon, il y a aussi Lower Antelope Canyon, moins fréquenté, mais qui n’est pas baigné par la même lumière. Ce sera pour une autre fois pour moi.

Il est 13h30, l’heure de déjeuner. Exceptionnellement, je vais rentrer à ma chambre d’hôtel pour y manger tranquillement. Vu que je n’ai rien programmé cet après-midi, j’en profite pour faire des courses, une lessive, du tri de photos et écrire quelques e-mails. Vers 16h30, je reprends la voiture pour me rendre à Horseshoe Bend, où un méandre du Colorado prend la forme d’un fer à cheval. Une marche de 15 minutes est nécessaire avant d’arriver au bord de la falaise haute de 300 mètres, qui surplombe le fleuve. C’est assez spectaculaire. La dernière fois que je suis venu ici, c’était en juin 2008. Nous n’étions pas plus de dix personnes. Aujourd’hui, nous sommes au moins une centaine… En plus, j’ai mal choisi mon horaire car le soleil à l’ouest n’illumine pas les parois du canyon. Je suis presque à contre-jour. Tant pis, je retenterai ma chance demain un peu plus tôt dans l’après-midi si j’ai le temps. Je rentre pour une soirée repos. Pour dîner, un bon poulet rôti acheté au supermarché Safeway situé juste en face de mon motel, puis extinction des feux vers 22h. La sortie en bateau prévue demain commence tôt le matin…

Vendredi 3 avril, merveille naturelle et coucher de soleil magique

La sortie sur le lac Powell débute à 7h30 mais je dois me présenter dès 7h à la marina de Wahweap. J’ai quand même le temps de prendre un petit-déjeuner dans la salle de réception du Rodeway Inn avant de faire mes valises et de partir. Pas de retard pour la sortie bateau, nous partons à 7h30 comme prévu. Nous sommes une vingtaine de personnes sur un bateau qui peut en contenir au moins trois fois plus. Le but de cette balade est de découvrir Rainbow Bridge, le plus grand pont naturel du monde. Pour cela, il faut naviguer pendant environ 2h30. Il fait très frais ce matin et l’impression de froid est d’autant plus forte en restant sur le pont du bateau. Mais peu importe, j’ai envie de profiter du paysage. Ce contraste entre le bleu de l’eau et le orange de la roche, c’est magnifique.

powell
powell
Une fois accosté à bon port, il faut marcher 15 minutes avant d’arriver à Rainbow Bridge. Auparavant, le niveau du lac Powell était plus élevé et l’eau coulait jusqu’au pont. Les visiteurs n’avaient donc pas à faire cette marche d’approche. Mais depuis plusieurs années, à cause de la sécheresse persistante, le bras du lac allant à Rainbow Bridge est à sec. Je me dépêche pour arriver sur place le premier et prendre les photos que je veux sans être gêné. Au sortir d’un virage, le voilà enfin. Immense et solide, avec une courbure parfaite. 84 mètres de large pour 90 mètres de haut. C’est assez impressionnant. De plus en plus au fur et à mesure que je me rapproche.

Le magnifique pont de Rainbow Bridge, au bord du Lac Powell, Utah
Rainbow Bridge au bord du Lac Powell, Utah
Je me dis que de son sommet, on doit avoir une sacrée vue. Je reste une bonne demi-heure à prendre des photos et contempler cette merveille géologique. Une prochaine fois, j’aimerais effectuer la randonnée passant par Navajo Mountain qui permet d’arriver à Rainbow Bridge par l’autre côté… Je prends mon temps sur le chemin du retour et suis cette fois le dernier à embarquer. Même trajet en bateau qu’à l’aller mais qui offre d’autres points de vue. Il est 13h30 quand nous touchons terre. Je reprends la voiture mais je m’arrête à Wahweap overlook, d’où la vue sur la marina et le lac est très belle.

Wahweap Marina vue de Wahweap Overlook, Lac Powell

14h. Le temps de manger un sandwich et je me dirige vers Horseshoe Bend pour tenter de prendre les photos que je n’ai pas pu faire hier. 15 minutes de route puis 15 minutes de marche. Comme la veille, il y a beaucoup de monde. Mais j’ai bien fait de revenir car la lumière est bien plus avantageuse.

Méandre du Colorado à Horseshoe Bend près de Page, Arizona

Il est près de 15h. J’ai deux heures de trajet pour rejoindre Monument Valley. Une fois sorti de Page, je me retrouve très vite seul sur la route, entouré de plaines semi-arides. Un seul arrêt, à Kayenta, pour faire le plein d’essence. Mais je ne souhaite pas dormir dans cette ville. Je préfère tenter ma chance au San Juan Inn de Mexican Hat, où j’espère avoir une chambre disponible. Je connais déjà ce motel, très agréable et pas trop cher. Coup de bol, le motel n’est pas rempli. Après avoir déchargé mes affaires, je repars vers Monument Valley pour le coucher de soleil. Le timing s’annonce serré car il est déjà plus de 18h et je ne sais pas si je serai rentré à temps pour dîner au restaurant du San Juan. Peu importe après tout, l’essentiel étant d’être à l’heure à Monument Valley. J’y arrive quand les couleurs commencent à s’embraser. Je m’installe devant la vue classique des trois buttes principales, que tout le monde connaît. Mais je ne m’en lasse pas.

Coucher de soleil sur West Mitten Butte dans Monument Valley
West Mitten Butte, East Mitten Butte et Merrick Butte au coucher du soleil dans Monument Valley
Au fur et à mesure que le soleil descend, il fait de plus en plus froid et le vent glacial me tétanise les doigts. Mais je reste un peu plus longtemps car c’est la pleine lune et cela m’offre une luminosité et des couleurs magnifiques, lorgnant vers le rose et le violet.

Ambiance rose pastel sur Monument Valley un soir de pleine lune
Pleine lune au coucher du soleil dans Monument Valley

J’aurais voulu m’attarder un peu plus pour faire des photos du ciel étoilé, mais il fait vraiment trop froid et je n’ai pas prévu d’écharpe ni de gants. Retour à mon motel où, comme je l’avais pressenti, le restaurant est fermé. Ils dînent vraiment trop tôt ces Américains ! Bon, ce sera du bricolage avec ce qui reste de mes dernières courses alimentaires… Il est temps de dormir. Demain sera une journée extrêmement chargée. Encore plus que je ne l’avais prévu…

Samedi 4 avril, en territoire navajo

Vu tout ce que j’ai à faire aujourd’hui, je me réveille à 5h30. Douche rapide avant de quitter le San Juan. Je picore quelques céréales en cours de route en guise de petit-déjeuner. Je retourne d’abord à Monument Valley pour une visite express me permettant de reprendre quelques photos le long de Valley Drive. Je connais bien cette piste de 17 miles pour l’avoir déjà parcourue quatre fois, mais aujourd’hui, je suis absolument seul. Le pied ! En plus de cela, la lumière du matin est vraiment superbe. Environ 1h30 pour effectuer la route à un rythme tranquille. Je croise bien deux ou trois voitures sur la fin, mais il n’y a vraiment pas foule.

West Mitten Buttes à la lumière du matin dans Monument Valley
Three Sisters dans Monument Valley
Vue sur la plaine vallonnée de Monument Valley et plusieurs buttes
Il n’est que 9h quand je ressors du parc. Direction Goosenecks State Park puis Valley of the Gods, un mini Monument Valley un peu moins spectaculaire mais très peu fréquenté car il n’y a pas d’infrastructure touristique. En chemin, je fais juste un arrêt obligé pour la photo “Forrest Gump”.

Entre Monument Valley et Mexican Hat, un paysage vu de nombreuses fois au cinéma (Forrest Gump notamment)
Pour entrer dans Goosenecks, il y a désormais une barrière et un ranger à qui il faut payer l’entrée (5$). Ce n’était pas le cas la dernière fois que j’y suis passé (en 2008). A moins d’y pique-niquer, on y reste en général pas très longtemps car il ne s’agit que d’un point de vue sur les méandres de la San Juan River. Mais celui-ci est superbe.

Les méandres de la San Juan River forment ici un "cou d'oie", d'où le nom de Goosenecks State Park
Je marche quelques minutes de la long de la falaise avant de repartir 15 minutes plus tard. Vers Valley of the Gods, dont l’entrée ouest est située à 10 minutes seulement de là. Situé comme Monument Valley et Goosenecks en territoire Navajo, ce n’est pas officiellement un parc. Il n’y a donc rien à payer. Les paysages se découvrent grâce à une piste de 17 miles (comme à Monument Valley). La ressemblance est assez frappante, même si ici, les buttes sont moins hautes et la plaine moins vaste.

Piste traversant les paysages de Valley of the Gods
Pyramid Peak à droite dans Valley of the Gods, Utah
Toujours très peu de touristes, en dehors de quelques gros 4×4 croisés sur la piste. Il me suffit d’une heure pour la parcourir d’ouest en est, en faisant quelques arrêts photos. Il est déjà presque midi et j’ai encore deux randonnées à faire dans l’après-midi d’après mon programme que j’essaie de respecter. Ce sera à Butler Wash, à 15 minutes en voiture d’où je me trouve en direction de Bluff.

Butler Wash Road, située juste à la sortie du territoire Navajo, est une piste le long de laquelle partent différents sentiers de balades ou randonnées menant à des ruines indiennes ou des pétroglyphes. J’en ai choisi deux qui devraient m’occuper une bonne partie de l’après-midi. Je me rends tout de suite au départ du sentier le plus éloigné, 7 miles après le début de la piste. Environ une heure de marche aller-retour dans le fond d’un petit canyon est nécessaire pour arriver à mon objectif : Monarch Cave, une ruine sous une alcôve. Avant de partir, j’engloutis les sandwiches de mon déjeuner en quelques minutes et je suis prêt. La balade est facile et agréable car il y a beaucoup d’ombre. La fin est plus pentue et dans la rocaille, mais rien de compliqué. La ruine en elle-même n’est pas très impressionnante, mais son emplacement l’est bien plus. La paroi rocheuse est tellement penchée en avant qu’on dirait qu’elle va s’effondrer sur la ruine.

Ruine indienne sous une alcôve près de Butler Wash Road, Utah
Le retour se fait par le même chemin et je reprends la voiture pour quelques centaines de mètres seulement, où se trouve le départ de ma deuxième balade, Procession Panel. Deux heures aller-retour de marche sur un sentier présentant quelques difficultés. Rien de bien méchant, mais quelques passages pentus et une orientation qui doit se faire à l’aide de cairns pas toujours faciles à trouver dans le paysage très rocailleux.

Paysage au niveau de Procession Panel, Butler Wash, Utah
En plein après-midi, le soleil cogne fort et la fatigue commence à se faire sentir. Heureusement que j’avais préparé le parcours en le rentrant dans mon gps de randonnée car les pétroglyphes que je veux voir sont bien cachés. Mais après dix minutes de recherche, je découvre enfin la paroi rocheuse convoitée. D’après les spécialistes, les pétroglyphes représenteraient un rassemblement cérémoniel (vers le cercle sur la gauche) ou une migration.

Pétroglyphes indiens à Procession Panel près de Butler Wash Road, Utah
Après 30 minutes d’observation et de recherche d’éventuels autres pétroglyphes, je reviens sur mes pas. 16h, il me reste encore deux heures de conduite pour atteindre Farmington, dans le nord du Nouveau-Mexique. En faisant un petit détour par Shiprock, un impressionnant neck (résidu d’un cône volcanique) haut de 482 mètres et à l’allure menaçante. Pas facile de trouver un endroit tranquille pour le photographier. Je me faufile en voiture sur un chemin qui me semble privé. Il ne vaut donc mieux pas que je reste ici trop longtemps, les Américains (et à fortiori les Navajos) sont très à cheval sur le respect de la propriété privée.

Shiprock, dans le nord-ouest du Nouveau-Mexique
La météo devient franchement orageuse. Je me hâte de trouver un motel à Farmington, petite ville sans charme mais qui a le mérite d’être bien placée. La plus proche en tout cas de Bisti Badlands, où je me rendrai demain matin…

A suivre dans l’épisode 4 de Déserts et grands espaces du Southwest : les badlands et hoodoos de Bisti, l’immensité du Grand Canyon et les chutes d’eau turquoise d’Havasupai !